vendredi 16 septembre 2011

Du 6 au 13 septembre : "quand t'es dans le désert ... depuis trop longtemps"





Le 06 septembre 2011: départ de Nouakchott

5 heures du matin, Via Brachy s’éveille, le jour commence à se lever. Rapidement le campement est plié après un bon café. Départ vers le goudron et à 1,5 kilomètres, premier arrêt à la station service de la Gare du Nord pour la recharge en eau.
Prêt à repartir en direction de la frontière, nous sommes arrêtés dans notre élan par un bruit suspect émanant de la boîte de vitesse du 4x4 Gnoule. Décision est prise que Mocktar et Franck retourner sur Nouakchott pour faire la réparation. Le reste de l’équipe établit un campement de fortune tout près de la gendarmerie. Les agents vont redoubler de gentillesse et de générosité à notre égard. Sous la conduite du chef de poste Abey nous ne manquons de rien. Café et pain le matin, chevreau le midi spécialement égorgé pour nous et préparé ensemble : quelle honneur et quelle grande surprise ! Mais pour Abey ce n’est simplement que de devoir d’hospitalité et d’assistance envers les touristes.

Du 07 au 13 septembre  : Ballade sur la « Dune aux histoires »

Ballade à la recherche de l’eau. Journée d’attente ponctuée d’un appel téléphonique de Mocktar, nous précisant que la boîte est réparée mais que l’autre 4x4 a une fuite. Donc réparation demain matin.
Toujours entourés de nos gendarmes amis, nous passons le temps à disserter et philosopher…
Petite pause musicale par Jean Patrick Capdevielle 

Passage de la frontière le lendemain : 7 heures entre la police, la gendarmerie et la douane (bonne moyenne).
Arrêt direct juste après dans un hôtel où on attend notre ami Moctar qui a prolongé ses vacances mécaniques à Nouakchott.

De là, on enchaîne 3 jours de kilomètres, de tempête, de désert et de magnifiques paysages variés. La tempête se calme peu à peu même si le vent persiste. Alors, après avoir dépassé la ville d’ Al Aayoune et ses fortifications de camps militaires royaux, nous commençons à chercher un coin abrité pour y passer la nuit. A gauche de la route, les falaises et l’océan, quelques cahutes de pêcheurs (nous cherchons toujours à comprendre comment font ces derniers, assis bord de falaise avec une ligne lancée à trente ou quarante mètres plus bas, pour attraper du poisson !), à droite, de vastes étendues, des kilomètres de champs vides et au loin une maison en construction. Pourquoi ne pas se réfugier contre un des murs de béton pour planter nos tentes ? En s’approchant, on voit qu’il y a aussi une cabane-bergerie. Tiens, voici les chèvres conduites par un homme qui les fait rentrer pour la nuit. Moktar va discuter avec lui et là, ce fut La Rencontre magique. Ce berger sans âge se met à notre disposition et nous montre son cadre de vie avec toutes les astuces qui font qu’à base de 3x rien, il y est le plus riche du royaume. En effet, notre réflexe de s’abriter derrière un mur construit par des hommes ne nous laissait pas présager qu’au milieu d’un champ désert à part trois arbres-bosquets-buissons d’acacias, se trouvait bien meilleur abri. Tu marches trois pas les cheveux au vent puis tu passes derrière cet entrelacs d’épines et tu ne sens plus un souffle. Un autre buisson où les branches forment comme une caverne de lutin, là est son abri en cas de pluie. Puis il nous indique à quelques mètres ce que nos yeux n’avaient vu : un puits où nous dit-il nous pouvons prendre toute l’eau qu’il nous faut. Et comme si le poids des années n’avait pas de prise sur lui, Ahmed le berger court et se met en quatre pour nous mettre à l’aise: 2 immenses tapis de laine pour le campement derrière les arbres, un petit feu et un bon thé qui nous réchauffent. En discutant avec lui, grâce à la traduction de Moktar, nous passons un moment incomparable (coucher de soleil, pluie d’étoiles, pleine lune, histoires et fous rires). Nous nous confortons dans l’idée qu’il n’y a pas de hasard quand autour d’un repas pris en commun, ce petit homme à la voix et au rire si particuliers nous explique que le matin même, lors de sa prière il avait demandé à Dieu de lui amener de la compagnie pour ce soir-là, et qu’il avait même gardé pour l’occasion son gros paquet de thé acheté quelques mois auparavant.
Cette rencontre qui semblait fortuite, ne serait-elle que nos vœux de chaleur humaine à tous et dans toutes les langues combinés ?
Nous vous souhaitons que la vie puisse vous réserver d’aussi belles surprises à la croisée des chemins…  Inch’ Allah !

Le lendemain, nous arrivons en pleine nuit à Amtoudi (car Moctar et Frank nous ont encore fait des caprices mécaniques) et là, découverte de l’auberge de Monsieur Georges au milieu d’une Palmeraie : Ouaou ! c’est féérique.
On profite de ses 2 jours de repos pour s’activer : on nettoie les 4x4 et le matos et  on lave le linge et les humains.
On rencontre des femmes françaises d’une association basée en Savoie dont l’une des actions a été de favoriser l’accès à l’eau et à l’éducation dans un village à Gao au Mali.
Un groupe se crée une après-midi aux sources : très jolie balade dans l’oued. Ce sont des Gorges de x10+y25x17 mètres de hauteur où on y aperçoit les fameux greniers appelés Agadir. On y conservait les richesses : actes de propriétés, divers parchemins importants, récoltes des ressources agricoles. Ils fonctionnaient sur le modèle des banques communautaires. Il faut savoir qu’il reste 4 Agadirs en activités au Maroc sur 400.
Yallah sur la route des pierres qui roulent, des canaux autour du lit de l’oued ; et si chacune de ces pierres qui roulent roulaient pour libérer un,  des ou pas du tout de scorpions cachés ; si aussi, s’imaginer cet oued débordant  d’eau, mais.. safi safi safi safi1 les si, un bémol aux si pour vivre  le sol là, yallah vers le do des crêtes, le ré du zénith du soleil, fa fa fa la musique des échos de la vie des enfants qui montent aux sources aussi, par mille chemins possibles chacun dedans et autour de l’oued, autour, plus haut,de chaque bord, de chaque rive… ; toujours dima denia2 la vie, les voix au loin, l’âne, les rires, les oiseaux libres tout là-haut perchés, chantants, qui voyagent, qui s’envolent… la musique des collines emplit mes yeux, la truffe au vent, Loup Funambule danse sur la pointe des ballerines de pierres en pierres, bondissant entre les  épines, les rochers muresques les vallons montants descendants, enfin, le chant de l’eau, les bubulles de poissons bondissants… le silence de la nature, la vie de cet endroit, le repos et la méditation dans ce paisible concerto s’y prêtent . Pour conclure le bonheur, la fraîcheur de l’eau de la source avant le retour, des sourires avec d’autres villageois qui redescendent, douce chanson qui résonne éternellement derrière, longtemps, toujours après le passage ; une petite danse libératrice et les chants restent pour le souvenir. Gravés à jamais. La montagne et le temps des discussions, des réconciliations, des retrouvailles avec soi et tous aussi.  Yallah, retour avant le coucher du soleil, la nuit bientôt et se réveilleront les sssssssi ssssss sssss de peut-être apeurés sss sss serpents ? . Safi safi les rumeurs de sss . vivre, dabba3 le présent c’est le principal. Yallah, d’autres aventures pour le futur présent !

1 ça suffit
2 toujours la vie
3 maintenant

mardi 6 septembre 2011

Nouakchott, du 02 au 05 septembre

Nous quittons Dakar destination Nouakchott.
2 jours de route, où défilent sous nos yeux des paysages distincts. D’abord la verdure littorale où règnent les baobabs ainsi que les cultures d’arachides et de manioc.
Arrivés à Saint Louis, les pierres nous murmurent l’histoire coloniale de l’ancienne capitale africaine. Sa poste centrale y a accueilli les pas de Saint Exupery. Après la frontière mauritanienne, nous traversons le parc naturel protégé de Diawling La piste nous conduit un peu plus loin des hommes. Et sans prévenir nous pénétrons dans le royaume du Sahel. Nous aurions pu y rencontrer le Petit Prince sans trop en être étonnés. A défaut nous croisons les dromadaires et leurs regards indifférents.

Les khaïmas (grande tonnelles de tissus) s’éparpillent le long de la route dans une chape de chaleur et de calme que rien ne semble pouvoir perturber. Notre trajet vers les habitations est cependant ponctué par les contrôles récurrents de la gendarmerie. Maures blancs, maures noirs, les uniformes surveillent aussi le silence.

Nous voilà à Nouakchott. Awa et ses milles enfants nous ouvrent leurs portes. La Teranga (l’accueil) ne se limite pas aux frontières !
Les 700 kms parcourus ont par contre habillé les corps et les paysages de costumes bien différents. Il en faut peu pour comprendre que l’Afrique ne peut s’écrire au singulier.
Terres de contrastes, nous poursuivons notre itinérance en Afriques.

Avant de reprendre la route nous nous rendons à l’ONG Santé Sans Frontières (SSF) de Nouakchott. SSF est un organisme de santé publique et communautaire. L’ONG mène des programmes de dépistages et de soins sur le quartier et dans l’ensemble du territoire mauritanien.
Nous patientons dans une salle d’accueil en attendant l’arrivée du Directeur, Docteur LY Cyré. A notre gauche se situe une salle dédiée à la pharmacie. Des patients circulent dans le couloir d’en face qui donne sur 4 salles de soins et une de radiographie. Le personnel poursuit studieusement ses activités.
Docteur LY Cyré se présente alors à l’entrée. Il émane de sa personne une aura puissante. Nous nous rendons dans son bureau. Il nous explique la situation actuelle de SSF. L’ONG a connu un développement exponentiel depuis sa création en 2003. Initialement SSF ne comptait aucun salarié et menait ses activités dans une unique salle non loin des bureaux actuels. Aujourd’hui l’association dénombre 68 salariés. Bien au-delà du quartier où elle est implantée, des équipes opèrent des interventions dans les zones reculées de Mauritanie grâce à plusieurs camions équipés. L’ONG agit à la fois sur les volets préventifs et curatifs : dépistage des IST et du diabète, suivi de personnes séropositives, repérages et traitements de cas de malnutrition, accouchements…
Monsieur LY nous commente l’importance capitale de l’investissement de la société civile afin de pallier aux insuffisances de certains services publics. Son discours, pétri de force, d’intelligence et de pragmatisme, fait écho à nos sensibilités associatives.
Après avoir déposé les dons de matériel récoltés en France par les voyageurs, Mr LY nous amène visiter les futurs locaux de l’ONG. Un bâtiment de 3 étages avec dans sa cour des bacs de production de spiruline commercialisés par SSF depuis un an. La capacité de développement de la structure et les actions réalisées imposent le respect. Nous quittons Mr LY en s’engageant mutuellement à poursuivre les apports de matériel de Via Brachy.

Le lendemain, juste avant notre départ de Nouakchott, nous devons patienter plus longuement que prévu à la station service pour faire le plein d’essence. Nous croisons alors Mr LY qui circulait sur une voie parallèle. Il traverse la route pour nous rejoindre. Après salutations, il nous émet la proposition de s’investir sur l’aménagement d’un nouveau camion d’intervention chirurgicale itinérant. Rencontre fortuite ? Nous finissons le plein d’essence avec le plein d’idées.

En route vers Chaami pour un premier bivouac dans les dunes. Les 4x4 s’immobilisent enfin. On monte dans l’allégresse la khaïma sur un air de Mickaël Jackson. Le thermomètre descend progressivement et nous annonce une excellente nuit enfin sans moustiques.


Dakar, du 26 août au 1er septembre


Nos bagages circulent sur le tapis déroulant dans l’aéroport de Dakar. Chacun y a entassé ses effets personnels : un petit bout de notre maison et de nos habitudes font la ronde. Une fois récupérés, nous nous rendons directement chez nos partenaires, au Centre de formation La Ruah à Guediawaye, en banlieue dakaroise. Le trajet en 4X4 évoque des sensations différentes pour chacun de nous, ancien ou nouveau voyageur : découverte brute et curieuse de la capitale sénégalaise, nouvelle prise de repères dans un Dakar en expansion, sonorités et odeurs à la façon madeleine de Proust.

L’ambiance est aux retrouvailles tant avec le personnel et la famille du Centre qu’avec le groupe 3 et l’équipe. Nengadef ? Mangifirek !

Le lendemain, les affaires se croisent : notre groupe déballe, le groupe 3 remballe. L’heure est aux bilans. Le groupe 3 vide un court moment les sacs emplis de leurs émotions. Partage, Yayem, solidarité en sont les maîtres mots. Leur départ sera sponsorisé par Kleenex…

Par la suite nous rencontrons les acteurs des projets menés par les groupes précédents. Certains d’entre eux résident en effet à Dakar. Nous faisons le point sur des projets réalisés : l’évaluation de l’action cuiseurs à économie de bois et séchoirs solaires à Marsassoum (Casamance) en 2010 ; le fonds social de Via Brachy qui soutient la scolarisation des jeunes filles de quartier au Centre La Ruah.

Les jours suivants, les trocs s’opèrent. Le partage est monnaie d’échange. A Via Brachy la rencontre n’emprunte pas les routes commerciales. Nous construisons chacun les sentiers qui mènent à l’Autre. Tous, avec nos sensibilités propres. Nos bagages d’expériences deviennent alors des vases communiquants. Ce voyage se déroule autour de palabres sur l’Islam, au détour du marché coloré de Pikine et dans les embouteillages de Rufisque.

La fin du Ramadan va clôturer notre court séjour à Dakar. Nous remercions pleinement tous les amis et les hôtes dans des au revoir réciproques.


Surveiller la Lune,
Rues ensablées,
Veiller ensemble
Toute la nuit,
Pleine de lumière /
Hakku d’une nuit d’Aïd

lundi 22 août 2011

Le groupe 3, du 16 au 28 août : si tu cherche ton blog…

...Il est enfin là!


Les 4x4 roulent, Yayèm s’éloigne petit à petit et le groupe 3 est en route pour Gandiole.
Déjà quelques kilomètres parcourus et premier stop, surprise de Florian : visite en profondeur du baobab sacré de Fadial. Nous réussissons à slalomer entre les vendeurs de souvenirs pour atteindre l’arbre-père, géant creux dans lequel nous nous rejoignons un par un pour communier avec l’esprit des griots et le guano de chauve souris.

Après cette courte halte la route continue et défile jusqu’au désert de Lompoul, connu pour ses dunes de sable fin, propice à la découverte du mode 4 roues motrices et des pelles pour certains.
 Nous sommes accueillis par Mohamed, très bon ami de Moctar (lui à nouveau absent, reparti à Nouakchott pour batailler sur l’obtention de son visa Français) qui forme les chameliers  au gîte touristique.
Le campement s’installe, le groupe 3 découvre la khaima, les hamacs se posent, les moustiquaires se déplient et les tentes se plantent. Le décor est prêt pour une bonne nuit dans le « bac à sable »; seule imprévue, la pluie au beau milieu de la nuit, qui force les campeurs 'roots' à migrer dans les tentes restées libres (sauf Mathieu qui, mouillé dans le hamac, piqué sous la khaima et égaré entre les tentes se replie dans un 4x4 pour le reste de la nuit).
La journée plage du lendemain donne lieu à une pesante séance de télé-toubab (un groupe d'observateurs silencieux qui grossit durant notre pause déjeuner) et se conclue par une soirée « Diapason », le carnet de chant sous le feu des frontales et les voix immortalisées sur le zoom.
Après une bonne nuit sous tentes arrosées et quelques cabrioles dans le sable, nous reprenons la route de Gandiole, les roues dans les vagues …
Les quatre jours qui suivront se passeront dans le paradis du Zebrabar (tout est relatif, mais des douches chaudes et des bières fraiches, c'est quand même énorme). Ce camping/bungalows est situé au cœur du parc national de la langue de Barbarie, une bande de sable de 25 km entre l'océan et le fleuve Sénégal et refuge de la vie sauvage.  Entourés de crabes, de singes patas, de calaos et même un serpent, nous vaquons du mirador à la plage, qui à sa lessive, qui à sa lecture, qui à son Smecta, un petit tour en canoë ou en pirogue, un masque d'argile,  … un temps calme en somme.

 
Le chantier cuiseurs avec Audrey, correspondante du Sicoval Sans Frontières, et le groupement de communes de Gandiole s'organise pour le samedi, et nous offre l'occasion d'une petite partie de mölkky en attendant que tout le monde arrive.
Le soudeur du village s'est approprié le design du cuiseur et son modèle était prêt en milieu d'après-midi pour que les femmes nous préparent un bon bissap, infusion de fleurs d'hibiscus au jus de citron (ou poudre de menthe ou de fruits rouges) et (très) sucré. Ce chantier nous a aussi un peu replongés dans le jeu des Derdians de la formation à Esplas, rapport aux problèmes de communication et aux motivations des participants.
L'équipe réussit ensuite à se scinder en petits groupes pour une tranche de pur tourisme : la visite de Saint-Louis. Le pont Faidherbe style tour Eiffel (fait de métal et non pas « fait d'herbe »), les maisons coloniales paisibles et colorées, le fleuve Sénégal entourant puissamment de ses bras lisses l'île de Ndar entre le continent et la langue de Barbarie, les centaines de pirogues alignées sur le sable dans les vapeurs d'océan, les vendeurs presque pas horripilants, l'ambiance feutrée du bar l'Embuscade, le cybercafé à l'heure de la coupure d'électricité (qui a duré près de trois semaines, à en juger par la date de publication de ce billet) … tout concoure à nous communiquer le rythme tranquille de cette « Venise africaine » (classée au répertoire du patrimoine mondial de l'Unesco), bien loin de Dakar.
Avant de reprendre la route, nous nous offrons une soirée crêpes + chocopain avec projection privée de Fangafrika (film documentaire sur le rap en Afrique de l'ouest). Inoubliable !
La piste vers le lac de Guiers est éblouissante du vert tendre fraîchement poussé en ce début de saison des pluies et des motivés font une partie du trajet sur la galerie pour en prendre plein les yeux (attention aux branches!). Après quelques détours pour chercher un raccourci vers le lac, que nous n'avons jamais trouvé, nous posons les tentes sur un fond sonore de pompage : non, ce n'est pas Miloche qui s'acharne sur sa pédale d'embrayage qui fuit, mais une usine d'approvisionnement en eau pour Dakar (à 300km de là!). Le passage d'un scorpion sur le camp est vite oublié grâce à l'inauguration du jeu "raconte-moi une chanson" qui consiste à faire deviner une chanson en paraphrasant ses paroles.
Notre retour vers Dakar continue après un shopping « cuir » à Mekhné avec ravitaillement de nourriture. Après la pluie, la route reprend direction Mboro-Plage, et là, c'est LA PLAGE : il y a le ciel, le soleil, la mer et le bain de minuit !

Ceux qui connaissent lancent l'énigme de « 'ça touche', ça touche pas et 'ça touche pas', ça touche » que les autres mettront des jours à résoudre (pourtant la réponse est simple, c'est juste que … ah non, à vous de trouver ce qui touche ou pas, c'est le jeu!). Les voisins viennent discuter des toubabs en Afrique, des niouls en Europe, boire le café, danser avec nous sur le sable, … Mais tout ça se mérite, et c'est surtout les 4x4 qui ont senti passer cette journée, notamment lors du désensablage au bord de l'eau à coup de plaques en métal et grand poteau en bois avec 10 personnes qui crient et qui poussent. Heureusement, rien de cela n'a perturbé la sieste de Kevin à l'arrière dudit 4x4.
Notre dernière journée d'itinérance passe par Thiès et ses fameux paniers, le grand modèle faisant un bon remplaçant au sac à dos dans la soute de la TAP pour Flo et Mathieu. Mais Thiès est aussi célèbre pour ses policiers pointilleux et il nous faudra pas moins d'une heure de négociations, proposition d’un match de rugby, début de pique-nique sur le bord de la nationale, refus de bakchich drôles et polis mais fermes, pour repartir avec les permis et sans amende. « Un cadeau ne se prend pas, il se demande » disait-il en lorgnant dans les véhicules. Peut-être notre cadeau est-il de l'avoir distrait un moment.
Et la boucle sénégalaise aoutienne de la caravane se boucle avec notre arrivée à Dakar, dans le bruit et l'odeur des embouteillages à Rufisque, et le retour dans la famille de la Ruah.
Mais l'aventure n'est pas encore terminée puisque des sous-groupes repartent jouer les touristes à Gorée et la Madeleine pendant que d'autres attendent les « petits nouveaux » du groupe 4 à la Ruah. Les quatre fantastiques (Gaëtan, Sosthène, Valérie et Volcy) arrivent d'ailleurs avec une cargaison de fromage et de vin rouge à laquelle tout le monde fait honneur le soir venu. Et les bons plans continue de pleuvoir, le groupe s'éclatant en parallèle entre les brochettes haoussas avec Miloche et Malick, la soirée en famille chez Kamou avec montage de djembé, et le tour de magie à la Ruah pour faire disparaître le cubi de rouge.
Le lendemain la réalité s'impose : c'est le dernier jour... ces quatre semaines riches de rencontres et de premières fois ont filé comme une pirogue sur les vagues, comme un margouillat sur un baobab, comme un 4x4 dans la brousse, comme un boubou sous l'aiguille du tailleur, bref, c'est passé trop vite. On se console en comptant des sardines et en lavant des caisses, puis vient l'heure de faire les bagages, la rupture du jeûne chez les Kadu à Yaraax, un dernier thiéboudienne à la Ruah, et nous voilà partis pour l'aéroport, où le billet de Kevin n'est « pas valide ». Un peu de diplomatie et quelques coups de gueule plus tard (bravo Flo!), nous nous calons dans nos sièges déjà tournés vers Lisbonne et nos paupières se ferment sous le poids des souvenirs en devenir. Heureusement les lumières se rallument brusquement en plein milieu du vol pour que nous puissions nous délecter d'une sorte d'omelette aux patates et d'une salade de fruits tout durs ; ou était-ce un filet de morue en carton avec de la gelée à l'ananas ? ou encore un sandwich avec un verre d'eau ? Aah, souvenirs, souvenirs qui parfois font défaut.

Après une promenade en ville pour se réaccoutumer au béton et au froid, certains s'en tirent mieux que d'autres pour le trajet Lisbonne-Toulouse grâce à leur billet 'executive'. Mais Mika ne se laisse pas abattre et va dire bonjour à l'hôtesse et au pilote.
Nous revoilà donc à Toulouse, retrouvailles et au-revoirs à l'aéroport et le gros de la troupe atterrit en douceur chez Iza, ou nous retrouvons Nico parti après nous, et où Coraline décide de jouer les prolongations quelques jours dans la ville rose.
La caravane continue là-bas et ici, ailleurs et partout, tant qu'on accepte la rencontre et la différence. Mais bon, maintenant on a plusieurs milliers de photos à trier pour motiver les voyageurs de l'été prochain.
Les « on verra » sont venus, ont vu et sont convaincus ! Réjouissons-nous tous ensemble (OOOOOOuuuuuuuuuuuaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiissssssssss!!!!!!!!!!!!!!!!!!) et envoyons des 'goude ViaBracheunze'  au staff de VB (surtout à Christine, remets-toi bien!), à Nico de Solaf (tiens, un noble?), aux partenaires (particuliers), aux alter-égos des voyageurs :Marc Roux-Long, Daniel Moquet, Mista Poke, Koko Balla Gaye, Mika Skadeur (gérant du camping, mendiant aveugle, responsable sécurité, coach rugueux, ...), Elisabeth Aissatou Seck ou la donneuse de surnom, Sœur Mathieu/Sir Mathew, la Bretonne, aux muezzin, aux scarabées sous la tente, aux moustiques, au bougaga, à la teranga, au Sénégal, ... VOILÀÀÀÀÀÀÀÀ!!!!
(et un peu à la TAP pour les oreillers, les couverts, les revues, les couvertures, le carré VIP et la participation surprise de Kévin au vol de retour).

Ba bennen

ARBRES PERES

Verts comme l'air des Sénégalais printemps,
Et solitaires comme l'impassible temps,
Ils jalonnent cette terre
En majestés séculaires.
De Dakar à Yayeme
Chacun les aime.
Géants hiératiques venus d'Afriques,
Ils contemplent les cieux
Pareils à de vrais dieux,
Cachant leur sagesse ancestrale
Dans leurs racines abyssales.
Manguiers et cocotiers,
Sous leur ombre allongée,
Protègent ceux qui les ont adoptés.
Ne craignant ni les luisants éclairs
Ni même le puissant tonnerre,
Marchent en ombres
Parmi les hommes et les forêts sombres,
Ces sages millénaires
Aux multiples bras ouverts.
De leurs enfants indisciplinés
Je connais le chêne et le cerisier,
Le noyer et le merisier.
Rejetons ingrats
Qui ont chassés de leurs bras
La terre de leurs ancêtres.

Yayeme du 8 au 15 Aout

Yayeme

Yayeme signifie en Sérère "avoir envie". Il s'agit d'un village qui compte, au dernier recensement de 1995, 2500 habitants.
A notre arrivée, nous passons la 1ere nuit sur le lieu de la construction des séchoirs solaires. Le constat général du groupe est celui d'une quiétude
et d'une ambiance plus sereine qu'à Dakar, moins de bruit pour autant de vie.
Ainsi les rythmes semblent différents, les contacts sont plus faciles, plus simples.
Le cadre est planté, nous passons la nuit à l'abri des manguiers dans un univers sonore très riche et sous un écran d'étoiles.


Le 2e jour est placé sous le signe de la rencontre du GIE (Groupement d'Intérêt Economique) des femmes de Yayeme ainsi que des hommes intéressés par la formation des séchoirs solaires et des cuiseurs à économie de bois. Tout commence par la présentation de chaque membre comprenant le GIE, l'équipe de Via Brachy et du représentant de Solafrika.



En deux mots, Qu'est-ce qu'un GIE ?
Il s'agit d'une association de personnes qui se regroupent dans le but de créer une activité économique commune, centrée autour de leurs compétences et de leurs savoirs propres.
Certains GIE sont nés il y a plus de vingt ans. Bien souvent ces groupements concernent des femmes, ce qui montre l'évolution de la place de la femme dans la société sénégalaise.




Le GIE des femmes de Yayeme se concentre autour d'un resto-buvette où il est possible de consommer et d'acheter des jus confectionnés par leurs soins (jus de bissap, de pain de singe, de tamarin et de gingembre) ainsi que des confitures (mangues, patates douces, papayes, etc.). Les recettes de ces ventes vont directement au GIE. Leur activité s'étend aussi à la vente d'artisanat dont les bénéfices reviennent à la propriétaire de la bassine "boutique" qu'elles gèrent.




A travers le GIE, nous observons que les femmes apparaissent au premier plan de la structure sociale du village. Elles décident entre elles et ne sont plus cantonnées à la seule fonction de maîtresse du logis. Chacune s'exprime et les prises de décisions sont collectives.

Pendant ce temps d'échanges et de rencontres nous sentons de la motivation, de l'envie et un fort intérêt partagé de toute part. Après ce temps de réunion, les femmes du GIE choisissent leur "toubab d'adoption". Ainsi N'Day Fatou, N'Day Siga, Fatou, Kangou, M'Ben, N'Day Faye et les autres ont grandement contribué à l'immersion de chacun dans la vie de leur famille, dans son quotidien et son lot de tâches inhérentes à celui-ci.



Ainsi nous observons la répartition de ces tâches attribuées à chaque membre (balayer la cours, aller chercher du bois, de l'eau, confectionner les repas, les travaux dans les champs). Chacun a une place bien définie par la structure familiale.

La structure familiale
Tant que les enfants n'ont pas une situation professionnelle, économique et sociale suffisamment stable, ils restent au foyer familial. Dès que cette situation change favorablement, ils prennent leur autonomie et peuvent s'éloigner géographiquement. Il participent alors financièrement à la vie de la famille et la balance s'équilibre. Pour autant chacun revient quand il le souhaite dans sa famille en conservant sa place. En grandissant l'enfant prend peu à peu une place plus importante dans l'économie et la hiérarchie familiale. "Chacun est toujours le petit de quelqu'un et le grand d'un autre". De sa naissance à sa mort l'individu appartient à sa famille et en est responsable.

Le 3ème jour correspond au commencement du projet autour des séchoirs solaires. Dès le début, le ton est donné et "On envoie grave du pâté". Tant les femmes du GIE que les hommes présents se mobilisent très activement dans chaque étape de ce projet. Chacune et chacun observe puis participe. L'envie est grande et grandissante.
Qu'est-ce qu'un séchoir solaire ?
Partant du constat que le nombre de légumes et de fruits, notamment de mangues en cette période, est important et la région très riche en denrées, le manque de moyens pose le problème de la conservation et tous ces aliments "se gâtent". Le séchoir apparaît alors comme une solution pour palier à ces pertes car il permet de conserver les aliments en les séchant tout en préservant leurs qualités nutritives. La première proposition s'applique aux mangues mais peut selon la saison, l'envie et le besoin se tourner vers un large panel d'aliments (coco, patates douces, voire viandes et poissons, etc.).

La construction débute tôt le matin pour profiter de la fraicheur, pour ralentir en milieu de journée à cause de la chaleur et du Ramadan. Malgré ces contraintes, force est de constater que le rythme est soutenu et que celles-ci sont surtout visibles sur la figure rougissante du toubab.
Trois jours environ ont suffi pour finaliser la construction de trois séchoirs solaire, sachant que le troisième a été entièrement et brillamment réalisé par les participants de la formation.





Le 4e jour est l'occasion de faire une pause touristique et d'embarquer dans une pirogue pour s'essayer, plus ou moins fructueusement selon les groupes, à l'exercice de la pèche.




Le 5e jour est marqué par le formation des cuiseurs à économie de bois. De nouveau la journée fut elle aussi très positive en terme d'investissement et d'envie dans ce village qui porte bien son nom.

Bilan de l'utilisation d'un cuiseur:
dans leur ferveur générale, les femmes du GIE décident de nous concocter un excellent déjeuner afin de nous témoigner leur affection en utilisant un des cuiseur. Leurs premiers constat sont sans équivoques, avec le cuiseur, l'économie de bois est notable, la cuisson très rapide et il y a beaucoup moins de fumée.
Il faut savoir qu'à Yayeme, les femmes sont contraintes de marcher environ 2Kms pour trouver du bois. Dans d'autre ville les femmes peuvent parcourir jusqu'à 20Kms. C'est des avantages phare du cuiseur à économie de bois.

En parallèle des chantiers, et dans l'idée d'échange interculturel, le groupe a proposé un atelier clown à l'adresse des femmes ainsi qu'une initiation au rugby pour les jeunes du village.




Le 13 Aout nous fêtions humblement l'anniversaire de Max, 28 ans! Bon anniversaire!
Le 15 Août à été marqué par une grande fête à l'initiative des chrétiens à laquelle tout le monde peut prendre part. En effet ici, la diversité religieuse est plus un levier à la bonne humeur qu'un frein à l'échange.

L'immersion dans les familles a donné lieu pour certains, à l'avènement d'identités sérères. Ainsi, Wagan, Marie Saar, Babakar Saar, etc... sont nés sérères. Un attachement et des liens très forts se sont tissés entre les visages pâles et les yayemois tout cela rythmé au son des chants et danses avec lesquelles nous avons été bercé tout au long du séjour ("la vie n'est qu'une histoire de rythme") ; le départ du village fut donc émouvant et déchirant.

Nous ne pourrions clôre ce billet sans parler de celui sans qui ce beau projet ne serait resté qu'une illusion en la personne de Vieux Faye ; personnage emblématique et naturellement charismatique qui a indéniablement facilité notre intégration et su trouver les mots et l'énergie pour rassembler et les jeunes, et les femmes et les hommes.

L'Armatan

Sous les ailes de l'Armatan
Semble se figer le temps.
Sous la ouate nébuleuse
De son ombre mystérieuse
S'élance telle une horde silencieuse
La poussière rouge en volute poudreuses.
Du temps, il est le messager.
Des vents, il est le seigneur éthéré.
Volant sous les nuées
Ou dans le ciel étoilé
Crachant tel une bête
Son souffle de tempête,
Il hurle comme une goule
En traversant Lompoul.
Dans les villes et les villages,
Partout sous les nuages,
Tout le monde sent l'attente
Jusqu'aux mouches vrombissantes.
L'Armatan est là
Juste au-dessus des toits,
Apportant avec lui
La saison des pluies.