samedi 18 juin 2011

du 10 au 17 juin...

Au revoir Tirghist, retour au bivouac, surpris par la pluie la caravane doit se replier dans un local gentiment prêté par un garde forestier. Défilé de tentes en direction de la maison pour un improbable camping d’intérieur. La pluie nous inspire un défilé de Tournesols, Driss et Aziz sont toujours parmi les pétales pour le plus grand plaisir de tous.  Parés des fameux cirés jaunes (Bretagne en force !), c’est partie pour une session photos de groupe en tout genre, grosse rigolade. L’obscurité recouvre progressivement les montagnes, chacun prend ses marques dans notre camping de fortune. Des fleurs inspirées par la nuit et la fraicheur de la pluie termineront par une session ombres chinoises, jeux sonores, etc… Que du bonheur !

 Le 10 juin - Arrêt à Imilchi, passage par le lac Tislit, bivouac au lac Iseli, à la recherche de bergers pour nos cuiseurs. Yahou ! Il est venu le temps de redescendre de la montagne, qu’on était bien perché sur les cimes, mais l’appel de la route, des paysages et de l’itinérance est plus fort, la caravane file.
 Les reliefs s’aplanissent en douceur, l’arc-en-ciel du Haut-Atlas prend des teintes couleurs terres, la nature est toujours aussi rude, beauté du désert roche, Anti-Atlas nous voilà.  Arrêt à Imilchi, petit village au milieu de nulle part, ça flaire le repère de routard, carrefour de voyageurs, un air de far-west marocain, Jim West a troqué son gun pour un âne, une vache, un collier berbère ou autre…  Pacifié par l’esprit berbère.
Le 11 juin -  Aux gorges du Todra  Les 4X4 défilent sur les routes, quand tout à coup d’immenses falaises les avalent. Nous entrons dans les gorges du Todra, irriguées par des oasis. L’ocre intense dessine des montagnes aux contours dentelés qui se détachent sur le ciel. Palmiers, chaleur, diarrhée et beaucoup d’amour.

De la terrasse de l’auberge, nous assistons au ballet des hirondelles sous la lune, une chauve souris se joint à elles, elles virevoltent  ensemble au dessus des jardins. Nous entendons les sons à peine perceptibles de la musique, l’oued coule généreusement au cœur des gorges qui s’endorment doucement après la disparition du soleil. La lumière se réduit, laissant briller la lune croissante mais encore incomplète.

En cuisine, le tajine aux dattes préparé par les hommes (Mohtar, Aziz, Driss et Laurent) mijote lentement.  Après un bon repas, la soirée se termine dans les bruits des darboukas, guitares berbères, chants et danses. Nous dormirons dans les salons, sur la terrasse, nos rêves illuminés par les étoiles.

Les tempéraments se heurtent, s’entrechoquent. Chacun est le miroir de l’autre, l’autre est une vague, l’autre porte ou submerge.  Les rires, les accros sont invités au voyage. Les personnalités se découvrent, s’expriment, des amitiés naissent. Les moments de joie se partagent tout comme les incompréhensions, l’impatience se fait sentir parfois. Chacun apprend, réfléchit, se remet en question. Le carnet de voyage favorise l’expression des talents : dessin, musique, cuisine, chant, écriture, massage… Des gestes de douceur se manifestent, caresses amicales, embrassades, câlins. Même si l’autre peut nous agacer, nous irriter à des moments, il nous fait avancer.

Le 12 juin - Salamalekoum Tamnougalt
En direction de Tamnougalt, la brume de chaleur écrase les formes, la température augmente, 37° puis 40°. Le soleil et le sable brûlent. La route sera longue jusqu’à Tamnougalt où une mer de palmiers nous attend.
La Khaïma s’étale au bord d’une rivière que des enfants traversent pour se rendre à l’école, pieds dans l’eau, cartable sur la tête, l’eau monte jusqu’à leurs épaules, leurs petits corps bravent le courant.

Le 13 juin - Pause à Tamnougalt Tout près, les jardins nous rafraichissent : amandiers, grenadiers, figuiers… Vanessa et Gina vont à la cueillette. Abricots, figues, amandes fraiches sont offertes par la terre fertile, jardin d’Eden.   Le campement attire les regards.
Des jeunes curieux de notre présence restent à proximité, les langues se délient. Laurent engage la conversation avec Hussein, Abd Ila, Abd Brahi, Zacharias et leurs amis pour une pause dans les révisions des examens de fin d’année. Ils nous invitent à monter à dos de cheval (et à baptiser l’étalon, la jument et la pouliche pour lesquels nous choisirons respectivement  Luna, Cisco et Gaïa).
Les mêmes jeunes entraîneront des caravaniers dans leurs maisons de torchis pluriséculaires pour un moment exquis de gembri (guitare locale à 3 cordes), pendant que d’autres iront visiter la jolie ville ancienne et ses jardins aux mille-couleurs.  La journée avec les jeunes se termine par un tournoi de badminton endiablé … ils sont conquis par ce jeu qu’ils ne connaissaient pas et dont ils définissent des règles locales adaptées au nombre un peu trop important de joueurs intéressés !!!

Le 14 juin - Sur la route vers Tata. Les montagnes poursuivent leur ballet époustouflant de courbes et de couleurs, façonnées par les vents. Montagne d’épices, monticules de cuivre, amènent ici quelques âmes installées dans des maisons de miniers, des bidons villes.
Dans le rétro la poussière se soulève, les 4x4 chancèlent dans les virages, bondissent de creux en bosses, secouent les voyageurs qui décollent de leurs sièges.  A mesure que nous descendons vers le sud, la terre noircit tout comme la peau des gens d’ici.
De ci de là, des arbres ébouriffés résistent au désert de pierre, afin d’alimenter les dromadaires qui pointent enfin le bout de leur nez.
Nous commençons à regretter le climat très tempéré des premières semaines, car les gourdes chauffent très vite, l’insolation gagne des caravaniers un peu trop imprudents avec père soleil et mère nature.
Un arrêt s’impose à Foum-zguid pour quelques achats de bouteilles d’eau fraiche (très appréciées), de jus d’orange, de draps et d’argenteries ; les négociations vont bon train pour éviter de rentrer dans le sport favori de certains commerçants : le plumage de touristes.
Les moins intéressés par les emplettes se feront inviter par une famille au traditionnel thé à la menthe. Nous repartons quelques heures plus tard, vitres grand ouvertes, le moindre souffle de vent est capté, avalé goulument dans des 4x4 à la recherche d’une oasis ou d’une petite rivière que nous atteindrons tôt dans l’après-midi près de Tata. Collégialement les caravaniers décident d’y passer la fin d’après-midi et la nuit, remettant au lendemain le reste de la route vers Amtoudi.

Le 15 juin - Direction Amtoudi, anniversaire de Vanessa Nous sommes l’attraction des populations locales jusque tard dans la nuit, mais après quelques points sur les « i », nous pouvons dormir tranquilles. Le réveil est rapide, une séance de bises spéciales s’improvise pour l’anniversaire de Vanessa avant d’entamer la longue route jusqu’à Amtoudi. Nous espérons la faire « à la fraiche » pour le bonheur des 4x4 et aussi pour celui des « 2x2 » !!!
Arrivée chez Georges, effectivement « on dirait le sud » comme le mentionne la pancarte de son gîte, et ce sera le point le plus bas de notre périple tournesol. Mur ocre et volets bleus, le patio, parsemé de grands arbres, nous protège d’un ardent soleil sudiste.
Après-midi libre, et libre sieste pour beaucoup d’entre nous. Le tajine d’Abdou se prépare dans la cuisine sous les yeux espions de Caro. Le vin rouge local, au frais, n’attend plus que les tournesols pour la fête.   Au moment du dessert, une théière berbère de voyage est offerte à Vanessa, en même temps qu’une jolie carte dessinée par les mains habiles de Coline, sur laquelle chacun de nous a laissé un mot doux à l’attention de notre amie, moment d’émotion ! Après moultes embrassades, réconforts et chuchotements, nous nous dirigeons tous vers nos couchages, au choix à la belle étoile ou dans le salon au chauffage naturel très efficace.

Le 16 juin - Rivière et visite de « fort » à Amtoudi  (l’agadir d’Id Aïssa)
Réveil de bonne heure pour l’ascension rapide de notre premier « agadir » (grenier à provisions du village). Au sommet, nous attend le gardien qui nous guide au travers d’un labyrinthe de cases familiales réservées à l’orge, aux carottes, au mil, aux pommes de terre, au miel et autres ingrédients de la cuisine traditionnelle. Construit au début du 19° siècle, ce fort a longtemps servi de « banque » (comme nous le traduit le guide) aux habitants du village. Actuellement, toutes les cases sont presque vides exceptée celle du musée abritant certains objets du travail traditionnel de la terre, ou de la vie de tous les jours.
Un autre visiteur, chercheur en préhistoire, nous signale des gravures dans la roche datant de plus de mille ans montrant des dromadaires, bovidés et hommes dans des scènes de chasse. Descente par l’autre face vers le gîte ; s’ensuivent le déjeuner et la balade ombragée direction la source.
Nous découvrons un lieu magique au détour des montagnes, palmiers, figuiers et arganiers. Les flancs des montagnes nous offrent de magnifiques drapés, et la rivière son eau limpide aux reflets émeraude. Nous partageons ce lieu paradisiaque avec les jeunes du village qui nous invitent à des sauts de quelque 4 ou 5 mètres de haut dans l’eau claire à quelques mètres de superbes cascades. Faute de hammam, nous nous en remettons aux petits poissons voraces pour nous enlever les peaux mortes de nos petits pieds éprouvés par la petite marche d’une heure qui sépare la source de notre gîte ; puis nous retournons chez Georges où Caro a voulu faire partager une spécialité française (la rata-spaguetti-touille) à notre hôte Abdou.  Quelques rires s’échappent de nos gorges pour mieux préparer les rêves de la nuit … direction les bras de Morphée.
Le 17 juin - Eco-musée, Agadir et source bis Réveil tôt, pour profiter de la matinée, car nous sommes invités par Laoussin à aider à retaper la maison familiale qui servira d’éco-musée ; les intéressés s’essaient au torchis local fait de terre et de paille, en enduisent les murs de pierre, travail à la main puis à la truelle pour une finition à la taloche. Moment de partage de technique mais aussi de rires, les pieds dans la terre, certains s’en tapissant jusqu’au nez !!!
Puis nettoyage des pièces du musée à la brosse à dent (souple, il va sans dire). Départ pour l’Agadir d’Agloue pour les plus motivé. On change de période, le grenier du village voisin daterait de 1015, doté d’une salle commune, d’une mosquée, de tours de garde, de meurtrières, de ruches, de citernes d’eau, de 99 cases (jumelées réserve de nourriture et chambre). Il est difficile de ne pas rapprocher ce lieu de nos châteaux forts cathares. Le guide invite les caravaniers présents à emprunter un autre chemin qui mène vers la source. C’est là où vont se retrouver les tournesols avides de soleil et d’eau qui n’étaient pas sevrés du paysage idyllique rencontré la veille. Le retour, à peine perturbé par quelques gouttes d’eau, se profile vers un repas aux pois chiches longtemps macérés.    

samedi 11 juin 2011

Du 7 au 9 juin, de Ain Leuh à Tirghist

Le 7 juin - Ain Leuh - Tounfite - Tirghist

Lever de bonne heure au matin, yallah ! Chacun se prépare pour la prochaine étape. Quatorze personnes (Aziz et Driss s’ajoutent à la caravane) s’activant dans une maison d’environ 80 m², joyeux bordel (c’est le souk à la française). Nous partons tout de même à l’heure, déjà 9 jours de caravane marocaine, la sauce prend.

Au revoir Moyen Atlas, bienvenue Haut Atlas!
Nous traversons des plateaux, de vastes étendues infinies. Maroc ou Mongolie? Impensable variation de paysages et de couleurs sur une si courte distance. Les visages aux yeux presque bridés nous regardent passer. L’eau coule en abondance, les femmes nettoient les peaux de bêtes dans la rivière.
Les fleurs sauvages poussent librement, arborant un violet intense mélangé au rouge des coquelicots. Et tout à coup, le paysage change; les fleurs laissent place aux pierres, le climat rude des hauteurs laisse peu de chance à la nature. Pourtant, les troupeaux s’agrandissent.

Et d’un coup, succède aux steppes mongoles, un désert de pierres rouge-oranges, comparable au désert du Colorado. Terre rouge, Terre de feu. Terre, Terre, Terre de lumière.
La caravane navigue sur une autre planète, au-delà du temps. On remarque au loin une colline plate aux allures de cratère. Caravane aux ambiances multiples, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur des 4x4 : atelier maquillage berbère dans l’un, conversations philosophiques dans l’autre. Peu à peu, nous faisons peau avec le Maroc.

L’ « orange-rouge colorado » vire progressivement au « gris colline ». Des généreuses montagnes arc-en-ciel peuplées de cèdres et autres arbres, que seul Moktar sait nommer, s’offrent à nous (à faire pâlir tout naturaliste digne de ce nom). La caravane s’envole.

Petit arrêt au marché de Tounfite pour blinder les 4x4 de nourriture. Prêts à surpasser l’horizon jusqu’au sommet du Haut-Atlas. Houla… On se calme… Notre destin : Tirghist. Notre objectif : présenter les cuiseurs à économie de bois à ce village isolé afin d’amener quelque chose de plus que le tourisme habituel.

Néanmoins, les enfants au bord de la route quémandant des bonbons ne manquent pas. Safi ! Safi ! (ça suffit), les Tournesols fanent légèrement face à ce que peut engendrer le tourisme de masse. Malgré cela, la caravane poursuit sa route.

La route serpente parmi les collines rocheuses du parc naturel dans lequel nous pénétrons, route à moitié détruite par l’eau. La rivière coulant à ses côtés gagne de plus en plus de terrain. L’érosion est imminente, les dos d’ânes et les coups de volant le sont aussi, nécessaires pour s’introduire en cette improvisation sensitive. Ici, la force de l’eau coulante est encore plus puissante que les efforts de l’homme pour la dominer, elle envahi même parfois la route, prête à fertiliser, à purifier n’importe quel touriste distrait. Merci la vie de nous rappeler qui est la vraie puissance !

Enfin arrivés, petit coucou à Tirghist, les sourires, les cris et les malines moqueries des enfants du village nous envahissent. Invités par le chef du village pour le traditionnel thé à la menthe, nos palais découvrent le fameux pain chaud au beurre montagnard. Pour quelques uns, une fois, pas deux, shukran. En tous cas, la cérémonie fut utile : RDV le lendemain matin pour une démo de cuiseur. Départ sous le regard curieux des anciens, même les femmes, souvent discrètes, sont sorties de la kasbah ce jour là.


Installation au campement, à quelques kms plus bas, endroit entouré d’arbres, envouté par la mélodie d’une rivière cachée. Dans la fatigue, les Tournesols apprécient le fabuleux barbecue à la marocaine préparée avec soin par Aziz et Driss. Shukran Bezef. Musique, et bonne nuit !

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Le 8 juin – Tirghist

Nous sommes invités à partager le repas de midi avec le chef du village : un fantastique tajine de mouton accompagné de soda.

Ensuite, nous présentons le cuiseur aux femmes et aux hommes séparément. Les hommes restent attentifs, les femmes se désintéressent dès que la fumée apparaît.
Apparemment, elle est un obstacle pour respirer dans la maison, et le cuiseur ne répond pas aux besoins des habitants : ils veulent cuisiner et chauffer la maison en même temps.
Pourtant, nous apprenons que les bergers du lac de Isli en auraient peut-être l’utilité. En appréciant leur sincérité, nous nous redonnons rendez-vous pour le jour suivant.

Pendant tout ce temps, les jeux et la musique avec les jeunes et les enfants se déroulent au milieu de la rue. L’échange interculturel est bien présent. Les sourires, quelques mots et les jeux sont partagés. On se rend compte que l’on a pas forcément besoin d’un traducteur. Quand on veut, on peut !
On peut même apprendre par rapport aux plantes et leurs qualités. Merci Ottman, guide improvisé.

Les Tournesols retournent, épuisés, au campement. Pourtant, le cœur plein d’émotions …

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Le 9 juin - Tirghist

Le matin ensoleillé ouvre les bras aux premiers levés. Le café chaud fume, le thé se prépare, la confiture coule sur les tartines.

Lecture, bavardages, lessive, yoga… Chacun s’active, les ateliers pour l’après midi au village se préparent (dessin, molki, fabrication de cerfs-volants).

Perchés sur les pares-chocs des 4x4 qui dévalent la piste, les caravaniers montent vers le village de Tirghist. L’accueil est différent, plus calme. Outils en main, les animateurs d’ateliers s’installent observés par les curieux. Les feuilles à dessin et les crayons sont distribués. Les enfants les plus petits se mettent alors à colorier soigneusement entourés des grands frères, autant intéressés par les dessins que par les animatrices…

Même après la pluie, il faudra attendre pour apercevoir des filles, nous irons les chercher, les prendre par la main pour qu’elles partagent elles aussi ce moment. Tous, revenant de l’école, àccroupis, crayonnent sur leurs genoux le Petit Prince de Saint Exupery.
La pâte à modeler a aussi beaucoup intéressé les enfants, tout comme le Molki qui a attiré l’un après l’autre les jeunes garçons, les sages du village, puis les filles au début les plus réticentes.

Remise des dons au chef du village, vêtements chauds, couvertures, chaussures, nécessaires pour les rudes hivers. Un dernier thé chez Ottman a rassemblé toute la caravane autour du beurre fondu et des petits gâteaux.
A la prochaine Tirghist !

Du 4 juin au 7 juin, de Bellota à Tirghist en passant par Ain Leuh

Le 4 juin - Bellota - Ain Leuh

Entre Bellota et Ain Leuh, escale au marché de Ouezzane. De petites figues sucrées fondent dans nos bouches pour terminer et récompenser la mission courses.

La température baisse progressivement au fur et à mesure que nous rejoignons les montagnes. « Ain Leuh, Ain pleut » la pluie ne nous quittera pas pendant ces 2 jours. Journée libre pour les voyageurs : les Tournesols vivent leur première véritable rencontre, pleine d’émotion, avec les autochtones. Invités au thé, tajine ou beignets, quelques caravaniers partagent l’intimité du cercle familial. Ils reviennent pleins de joie et de souvenirs, riches d’échanges.
Mini-rando jusqu’au point panoramique pour observer la chaîne montagneuse qui s’étend jusqu’à l’horizon ; moment de paix.
Le soir chez Driss, première action solidaire, le tri des dons est organisé, les affaires sont partagées : couvertures, vêtements chauds … Les maillots et chaussures de rugby sont distribués à la grande joie des jeunes de l’équipe locale.

Goutte après goutte, le Maroc nous montre un côté inattendu. L’eau, nous l’entendrons ruisseler, se transformer en grêle, recouvrant le paysage de blanc.
Le « refuge Montana » sera notre lieu d’accueil 2 jours durant. Fortunés voyageurs n’ayant pas à subir les caprices du temps sous la Khaïma. L’orage, le déluge auront raison du festival des cerises au centre du village. L’eau emportera avec elle la terre rouge des alentours.

Le gite où Aziz nous accueille affiche des teintes aux couleurs terre, aubergine ; des tapis jonchent le sol, des tissus colorés sont accrochés aux murs. Des pastilles argentées brillent sous la lumière des plafonniers.

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5 et 6 juin - Ain Leuh

Réveil le matin au doux son du bébé âne recueilli quelques jours plus tôt par Aziz, petit déjeuner et départ pour un tour en ville sous la pluie.

Pas facile pour les tournesols de passer inaperçus, peau blanche et ciré jaune, tels des extra-terrestres dans une armure de PVC. L’accoutrement déclenche rires et sourires chez les habitants.

Aujourd’hui, nous troquons les pneus contre nos pieds pour une randonnée en direction d’un village berbère où les cuiseurs à économie de bois ont été déposés par l’association « Solafrika » et des jeunes du « Chantier Jeunesse Marocaine » (CJM) d’Ain Leuh. Le but est d’évaluer si les villages se servent ou pas de ces cuiseurs.

Passage par la maison de la CJM où nous sommes accueillis par Driss, actuel responsable de la structure, et des jeunes de l’association.

C’est parti pour la rando, ça grimpe, ça grimpe ! De champignon en caillou, en fleur, en arbre, en … déchèterie dans une carrière abandonnée (contraste…), nous gagnons le village berbère situé sur un plateau calcaire bordé de cèdres, au cœur d’un parc naturel.

Arrivés au village semi-nomade (les habitants descendent plus bas en hiver), nous découvrons des maisons en pierres et en bois, parfois enrobées de plastique, éloignées les unes des autres, ça respire !


Avec le soutien d’Aziz et Driss, nous échangeons quelques mots avec une des familles berbères.
La femme nous invite à rentrer chez elle pour constater le mode de cuisson utilisé : le poêle avec sa cheminée évacuant la fumée vers l’extérieur, a le double avantage de chauffer la maison et de faire la popote.

La caravane gambade ensuite sur le plateau, grimpette sur les roches calcaires aux allures de champignons, jusqu’au fameux rocher magique bien connu des anciens caravaniers qui sont passés par là.

Petit à petit, une partie des voyageurs regagne le chemin du retour. Les 3 jeunes de la CJM qui nous ont accompagnés s’organisent un pique-nique sur le rocher magique. Choqué de voir l’un d’entre eux jeter ses déchets dans la nature, un petit cours de sensibilisation à l’environnement s’impose en toute simplicité dans le respect mutuel et la rigolade. Le message passe.
Au passage, respect à ces jeunes lycéens qui se débrouillent très bien en français alors que nous ne connaissons quasiment rien de leur langue. Nous les invitons à nous retrouver dans la soirée au refuge.

Eau, vapeur d’eau. La chaleur du Hammam sera notre refuge le temps d’une pose en fin de journée. Des femmes dénudées aux corps généreux frottent, savonnent, brossent leurs cheveux. Par intermittence, le satala déverse une eau tiède qui ruissèle sur les formes rondes et luisantes.
Energiquement, la peau est nettoyée, débarrassée des impuretés. Le savon noir coule sur les peaux mates, brunes, blanches. La féminité, la sensualité trouvent ici leur place, dans cet espace unique et protégé.

Côté homme, échanges à voix basse entre voisins, amis, père et fils ponctuent les différentes phases de nettoyage des corps. La chaleur est omniprésente du savonnage au rinçage, chaleur entretenue grâce au feu alimenté par un vieil homme.


Début de soirée, nous retrouvons les jeunes de la CJM. Au menu, échange musical et « partis » (jeu de société se rapprochant des petits chevaux), pendant qu’un tagine aux légumes préparé par Aziz et des caravaniers volontaires, mijote dans la cuisine.

dimanche 5 juin 2011

D'un continent à l'autre

Le 31 Mai - L’arrivée au Maroc :

Nos pieds embrassent le sol africain, désormais la patience est de rigueur et ce n’est que le début. Nous passons la douane comme une lettre à la poste et voguons vers la ville bleue de Chefchaouen. A l’arrivée au camping sur les hauteurs, premier exercice collectif de montage de la Khaima.

La rumeur de la ville et ses murs bleus nous invitent à plonger en son cœur. Nous nous perdons dans un dédale de ruelles où tout s’emmêlent : odeur de Khol, de colle de semelles, de fromage de brebis et de cannelle. Nous nous délectons de boulettes…de kefta baignées dans l’huile, de tagine de légumes et de french fries (THE frites françaises) le tout précédé de notre premier thé, sucré ou nature, à notre convenance.



Frontale en guise de troisième œil, nous arpentons le sentier qui serpente au dessus de la ville et nous ramène à notre premier dodo collectif. Bercés par la douce respiration d’A…e, les Tournesols rejoignent les bras de Morphée.
Grâce mat’, réveil en douceur, journée liberté pour découvrir la capitale du Rif. Au marché coloré, nous faisons le plein d’herbes fraîches : coriandre, menthe, persil… ; petits pains pour le déjeuner, fromage frais de brebis pour agrémenter la salade de midi.



L’après-midi, nous flânons dans les boutiques. Une pause fraîcheur jus d’orange cent pour cent pur jus, crêpe au miel et fromage rassemble le groupe dispersé dans les ruelles. Nous terminons cette petite virée par la recherche de la viande hachée, pour la kefta du soir (espoir !), ce qui n’est pas chose aisée.

Après la bonne suée due à la montée sous la chaleur brûlante de Chaouen, une bonne douche fraîche s’impose, Inch Allah. Mathieu se lance le premier, le corps plein de savon, courage mal récompensé, coupure d’eau inopinée ! 15 minutes, 30 minutes… Les travaux terminés, Mathieu peut se rincer.

Le 2 Juin - Bslâma Chefchaouen, Salaam Bellota

La caravane quitte ChefChaouen, petite ville nichée au pied des collines, pour rejoindre Bellota, un trajet d’environ 40 kilomètres, gorgé de montagnes et de nature, plaisir des yeux.



Sallah et sa famille nous accueillent chaleureusement dans la ferme de Bellota. Thé à la menthe et friandises locales accompagnent le temps de la rencontre des voyageurs avec ce lieu paisible qui respire l’équilibre entre l’homme et la nature. Petite cour intérieure joliment aménagée et collines aux couleurs subtiles, plaisir du cœur.



Les « Tournesols » (TOURisme Nature Ecologie SOLidaire, comme s’est baptisée la caravane marocaine 2011 de Via Brachy) rejoignent ensuite le bivouac gentiment prêté par Abdel qui développe un restaurant destiné à mettre en valeur la cuisine marocaine et les produits de la ferme de Bellota, ainsi qu’un éco-musée.

La caravane s’installe. Les Tournesols sont opérationnels, le montage de la Khaima commence à être maîtrisé. Choukrane à Moktar, Christine, Elodie … Via Brachy pour l’apprentissage. Baignade à la rivière, les caravaniers se faufilent entre les rochers et en profitent pour s’enduire le corps d’argile verte dans la franche rigolade, un nouveau peuple est né (non, les photos ne seront pas publiées sur le site, même si vous insistez), plaisir de la peau, choukrane mère nature. Fin de journée, la caravane s’endort sous un ciel étoilé.

Le 3 juin - Visite de coopératives, repas à la ferme de Bellota et randonnée

La journée débute par la visite de coopératives de production de miel et d’huile d’olives. Belle rencontre par les oreilles entre Chloé et les abeilles. Hey ! Ca se mérite, le bon miel !

Come-back à la ferme de Bellota où nous dégustons un délicieux couscous préparé avec amour par la famille de Sallah. Plaisir des papilles, l’équation opère pour le plus grand nombre, soleil + couscous = grosse sieste sous patio.

En milieu d’après-midi, les ventres repus interviewent et filment Sallah et un stagiaire de l’association GERES au sujet de leurs activités à Bellota et dans la région de Chaouen, interview qui sera probablement diffusée sur internet.

La caravane se disperse dans l’après-midi, un trio de gazelles (Adèle, Coline et Caro) rejoint la rivière sacrée aux argiles magiques, au pied du bivouac. Vanessa et Chloé sont invitées à visiter la ferme et partager le thé avec la famille de Sallah. Tour du potager, visite du verger, dégustation des premières figues, quelques conseils d’agriculture et de fabrication du four à pain.

D’autres s’en vont chevaucher les vallons, Gina et Mathieu allant même jusqu’à marcher pieds nus. Sur le chemin, les araignées tentent de nous piéger dans leurs toiles tendues de part et d’autre, auxquelles Claire et Laurent réussissent à échapper bravant tous les dangers.

A la nuit tombée, la marmite mijote le repas du soir, rythmé par les improvisations sonores des caravaniers et de leurs hôtes, Sallah, Abdelghani, et Redouane, mélange de percussions marocaines, guitares, chants maghrébins et franchouillards et autres instruments.

mercredi 1 juin 2011

Tournesol à chefchaouen


Le 28 mai 2011, Les bivouac :
Orx, la forêt de pins nous accueille pour une soirée fraiche et humide. La buée sort de nos bouches. Pierre, Cécile et Jean Pierre sont nos hôtes le temps d’une halte. La nuit, certains auront froid, d’autres si froid que Mathieu, perché dans un hamac au milieu des arbres battra en retraite vaincu par le froid.

Le 29 Mai le lac de Santa Teresa :
Contraste, chaleur, traversée des orages. L’eau appelle nos corps moites las de six heures de 4x4. Chloé prend, pour la première fois une douche dans son plus simple appareil : nue, un sceau, cachée derrière un fourré.
Le campement est posé, une purée maison se prépare sur le cuiseur alimenté par le bois ramassé la veille.  Repas, musique, jeux, massages, tisane elfique (tisane des elfes) autour du feu agrémenté d’une cuillerée de miel, sont de la partie. La fatigue s’empare de nous doucement, les grillons nous chantent une berceuse, chacun rejoint sa couche pour s’étendre sous la voute céleste parsemée d’étoiles étincelantes. Buenas noches

Le 30 Mai au détroit de Gibraltar :
Les 4X4 filent dans les méandres d’une piste en surplomb sur la mer. A droite le rocher de Gibraltar s’étire pour apercevoir, au loin, les côtes marocaines. On ne les voit pas encore, on les devine…


Sous les eucalyptus, le campement se dresse. Marion, nous offre son hospitalité au cœur d’une terre sauvage. Nous lui offrons une natte Sénégalaise pour ses prochains voyages et nous confirme son impatience de partir en voyage.
Nos pas suivent un sentier jonché de charbons en fleur couleur indigo. Fatigués des kilomètres les acolytes se jettent dans la belle bleue pour se rafraichir. Mathieu dormira sur la plage, mais ne manquera pas de réveiller Laurent qui, à son tour, nous éveillera avec un doux parfum marocain.


Un déjeuner, une bonne dose d’efficacité et c’est le départ pour une enjambée entre Algéciras et Tanger.