lundi 22 août 2011

Le groupe 3, du 16 au 28 août : si tu cherche ton blog…

...Il est enfin là!


Les 4x4 roulent, Yayèm s’éloigne petit à petit et le groupe 3 est en route pour Gandiole.
Déjà quelques kilomètres parcourus et premier stop, surprise de Florian : visite en profondeur du baobab sacré de Fadial. Nous réussissons à slalomer entre les vendeurs de souvenirs pour atteindre l’arbre-père, géant creux dans lequel nous nous rejoignons un par un pour communier avec l’esprit des griots et le guano de chauve souris.

Après cette courte halte la route continue et défile jusqu’au désert de Lompoul, connu pour ses dunes de sable fin, propice à la découverte du mode 4 roues motrices et des pelles pour certains.
 Nous sommes accueillis par Mohamed, très bon ami de Moctar (lui à nouveau absent, reparti à Nouakchott pour batailler sur l’obtention de son visa Français) qui forme les chameliers  au gîte touristique.
Le campement s’installe, le groupe 3 découvre la khaima, les hamacs se posent, les moustiquaires se déplient et les tentes se plantent. Le décor est prêt pour une bonne nuit dans le « bac à sable »; seule imprévue, la pluie au beau milieu de la nuit, qui force les campeurs 'roots' à migrer dans les tentes restées libres (sauf Mathieu qui, mouillé dans le hamac, piqué sous la khaima et égaré entre les tentes se replie dans un 4x4 pour le reste de la nuit).
La journée plage du lendemain donne lieu à une pesante séance de télé-toubab (un groupe d'observateurs silencieux qui grossit durant notre pause déjeuner) et se conclue par une soirée « Diapason », le carnet de chant sous le feu des frontales et les voix immortalisées sur le zoom.
Après une bonne nuit sous tentes arrosées et quelques cabrioles dans le sable, nous reprenons la route de Gandiole, les roues dans les vagues …
Les quatre jours qui suivront se passeront dans le paradis du Zebrabar (tout est relatif, mais des douches chaudes et des bières fraiches, c'est quand même énorme). Ce camping/bungalows est situé au cœur du parc national de la langue de Barbarie, une bande de sable de 25 km entre l'océan et le fleuve Sénégal et refuge de la vie sauvage.  Entourés de crabes, de singes patas, de calaos et même un serpent, nous vaquons du mirador à la plage, qui à sa lessive, qui à sa lecture, qui à son Smecta, un petit tour en canoë ou en pirogue, un masque d'argile,  … un temps calme en somme.

 
Le chantier cuiseurs avec Audrey, correspondante du Sicoval Sans Frontières, et le groupement de communes de Gandiole s'organise pour le samedi, et nous offre l'occasion d'une petite partie de mölkky en attendant que tout le monde arrive.
Le soudeur du village s'est approprié le design du cuiseur et son modèle était prêt en milieu d'après-midi pour que les femmes nous préparent un bon bissap, infusion de fleurs d'hibiscus au jus de citron (ou poudre de menthe ou de fruits rouges) et (très) sucré. Ce chantier nous a aussi un peu replongés dans le jeu des Derdians de la formation à Esplas, rapport aux problèmes de communication et aux motivations des participants.
L'équipe réussit ensuite à se scinder en petits groupes pour une tranche de pur tourisme : la visite de Saint-Louis. Le pont Faidherbe style tour Eiffel (fait de métal et non pas « fait d'herbe »), les maisons coloniales paisibles et colorées, le fleuve Sénégal entourant puissamment de ses bras lisses l'île de Ndar entre le continent et la langue de Barbarie, les centaines de pirogues alignées sur le sable dans les vapeurs d'océan, les vendeurs presque pas horripilants, l'ambiance feutrée du bar l'Embuscade, le cybercafé à l'heure de la coupure d'électricité (qui a duré près de trois semaines, à en juger par la date de publication de ce billet) … tout concoure à nous communiquer le rythme tranquille de cette « Venise africaine » (classée au répertoire du patrimoine mondial de l'Unesco), bien loin de Dakar.
Avant de reprendre la route, nous nous offrons une soirée crêpes + chocopain avec projection privée de Fangafrika (film documentaire sur le rap en Afrique de l'ouest). Inoubliable !
La piste vers le lac de Guiers est éblouissante du vert tendre fraîchement poussé en ce début de saison des pluies et des motivés font une partie du trajet sur la galerie pour en prendre plein les yeux (attention aux branches!). Après quelques détours pour chercher un raccourci vers le lac, que nous n'avons jamais trouvé, nous posons les tentes sur un fond sonore de pompage : non, ce n'est pas Miloche qui s'acharne sur sa pédale d'embrayage qui fuit, mais une usine d'approvisionnement en eau pour Dakar (à 300km de là!). Le passage d'un scorpion sur le camp est vite oublié grâce à l'inauguration du jeu "raconte-moi une chanson" qui consiste à faire deviner une chanson en paraphrasant ses paroles.
Notre retour vers Dakar continue après un shopping « cuir » à Mekhné avec ravitaillement de nourriture. Après la pluie, la route reprend direction Mboro-Plage, et là, c'est LA PLAGE : il y a le ciel, le soleil, la mer et le bain de minuit !

Ceux qui connaissent lancent l'énigme de « 'ça touche', ça touche pas et 'ça touche pas', ça touche » que les autres mettront des jours à résoudre (pourtant la réponse est simple, c'est juste que … ah non, à vous de trouver ce qui touche ou pas, c'est le jeu!). Les voisins viennent discuter des toubabs en Afrique, des niouls en Europe, boire le café, danser avec nous sur le sable, … Mais tout ça se mérite, et c'est surtout les 4x4 qui ont senti passer cette journée, notamment lors du désensablage au bord de l'eau à coup de plaques en métal et grand poteau en bois avec 10 personnes qui crient et qui poussent. Heureusement, rien de cela n'a perturbé la sieste de Kevin à l'arrière dudit 4x4.
Notre dernière journée d'itinérance passe par Thiès et ses fameux paniers, le grand modèle faisant un bon remplaçant au sac à dos dans la soute de la TAP pour Flo et Mathieu. Mais Thiès est aussi célèbre pour ses policiers pointilleux et il nous faudra pas moins d'une heure de négociations, proposition d’un match de rugby, début de pique-nique sur le bord de la nationale, refus de bakchich drôles et polis mais fermes, pour repartir avec les permis et sans amende. « Un cadeau ne se prend pas, il se demande » disait-il en lorgnant dans les véhicules. Peut-être notre cadeau est-il de l'avoir distrait un moment.
Et la boucle sénégalaise aoutienne de la caravane se boucle avec notre arrivée à Dakar, dans le bruit et l'odeur des embouteillages à Rufisque, et le retour dans la famille de la Ruah.
Mais l'aventure n'est pas encore terminée puisque des sous-groupes repartent jouer les touristes à Gorée et la Madeleine pendant que d'autres attendent les « petits nouveaux » du groupe 4 à la Ruah. Les quatre fantastiques (Gaëtan, Sosthène, Valérie et Volcy) arrivent d'ailleurs avec une cargaison de fromage et de vin rouge à laquelle tout le monde fait honneur le soir venu. Et les bons plans continue de pleuvoir, le groupe s'éclatant en parallèle entre les brochettes haoussas avec Miloche et Malick, la soirée en famille chez Kamou avec montage de djembé, et le tour de magie à la Ruah pour faire disparaître le cubi de rouge.
Le lendemain la réalité s'impose : c'est le dernier jour... ces quatre semaines riches de rencontres et de premières fois ont filé comme une pirogue sur les vagues, comme un margouillat sur un baobab, comme un 4x4 dans la brousse, comme un boubou sous l'aiguille du tailleur, bref, c'est passé trop vite. On se console en comptant des sardines et en lavant des caisses, puis vient l'heure de faire les bagages, la rupture du jeûne chez les Kadu à Yaraax, un dernier thiéboudienne à la Ruah, et nous voilà partis pour l'aéroport, où le billet de Kevin n'est « pas valide ». Un peu de diplomatie et quelques coups de gueule plus tard (bravo Flo!), nous nous calons dans nos sièges déjà tournés vers Lisbonne et nos paupières se ferment sous le poids des souvenirs en devenir. Heureusement les lumières se rallument brusquement en plein milieu du vol pour que nous puissions nous délecter d'une sorte d'omelette aux patates et d'une salade de fruits tout durs ; ou était-ce un filet de morue en carton avec de la gelée à l'ananas ? ou encore un sandwich avec un verre d'eau ? Aah, souvenirs, souvenirs qui parfois font défaut.

Après une promenade en ville pour se réaccoutumer au béton et au froid, certains s'en tirent mieux que d'autres pour le trajet Lisbonne-Toulouse grâce à leur billet 'executive'. Mais Mika ne se laisse pas abattre et va dire bonjour à l'hôtesse et au pilote.
Nous revoilà donc à Toulouse, retrouvailles et au-revoirs à l'aéroport et le gros de la troupe atterrit en douceur chez Iza, ou nous retrouvons Nico parti après nous, et où Coraline décide de jouer les prolongations quelques jours dans la ville rose.
La caravane continue là-bas et ici, ailleurs et partout, tant qu'on accepte la rencontre et la différence. Mais bon, maintenant on a plusieurs milliers de photos à trier pour motiver les voyageurs de l'été prochain.
Les « on verra » sont venus, ont vu et sont convaincus ! Réjouissons-nous tous ensemble (OOOOOOuuuuuuuuuuuaaaaaaaaaaiiiiiiiiiiissssssssss!!!!!!!!!!!!!!!!!!) et envoyons des 'goude ViaBracheunze'  au staff de VB (surtout à Christine, remets-toi bien!), à Nico de Solaf (tiens, un noble?), aux partenaires (particuliers), aux alter-égos des voyageurs :Marc Roux-Long, Daniel Moquet, Mista Poke, Koko Balla Gaye, Mika Skadeur (gérant du camping, mendiant aveugle, responsable sécurité, coach rugueux, ...), Elisabeth Aissatou Seck ou la donneuse de surnom, Sœur Mathieu/Sir Mathew, la Bretonne, aux muezzin, aux scarabées sous la tente, aux moustiques, au bougaga, à la teranga, au Sénégal, ... VOILÀÀÀÀÀÀÀÀ!!!!
(et un peu à la TAP pour les oreillers, les couverts, les revues, les couvertures, le carré VIP et la participation surprise de Kévin au vol de retour).

Ba bennen

ARBRES PERES

Verts comme l'air des Sénégalais printemps,
Et solitaires comme l'impassible temps,
Ils jalonnent cette terre
En majestés séculaires.
De Dakar à Yayeme
Chacun les aime.
Géants hiératiques venus d'Afriques,
Ils contemplent les cieux
Pareils à de vrais dieux,
Cachant leur sagesse ancestrale
Dans leurs racines abyssales.
Manguiers et cocotiers,
Sous leur ombre allongée,
Protègent ceux qui les ont adoptés.
Ne craignant ni les luisants éclairs
Ni même le puissant tonnerre,
Marchent en ombres
Parmi les hommes et les forêts sombres,
Ces sages millénaires
Aux multiples bras ouverts.
De leurs enfants indisciplinés
Je connais le chêne et le cerisier,
Le noyer et le merisier.
Rejetons ingrats
Qui ont chassés de leurs bras
La terre de leurs ancêtres.

Yayeme du 8 au 15 Aout

Yayeme

Yayeme signifie en Sérère "avoir envie". Il s'agit d'un village qui compte, au dernier recensement de 1995, 2500 habitants.
A notre arrivée, nous passons la 1ere nuit sur le lieu de la construction des séchoirs solaires. Le constat général du groupe est celui d'une quiétude
et d'une ambiance plus sereine qu'à Dakar, moins de bruit pour autant de vie.
Ainsi les rythmes semblent différents, les contacts sont plus faciles, plus simples.
Le cadre est planté, nous passons la nuit à l'abri des manguiers dans un univers sonore très riche et sous un écran d'étoiles.


Le 2e jour est placé sous le signe de la rencontre du GIE (Groupement d'Intérêt Economique) des femmes de Yayeme ainsi que des hommes intéressés par la formation des séchoirs solaires et des cuiseurs à économie de bois. Tout commence par la présentation de chaque membre comprenant le GIE, l'équipe de Via Brachy et du représentant de Solafrika.



En deux mots, Qu'est-ce qu'un GIE ?
Il s'agit d'une association de personnes qui se regroupent dans le but de créer une activité économique commune, centrée autour de leurs compétences et de leurs savoirs propres.
Certains GIE sont nés il y a plus de vingt ans. Bien souvent ces groupements concernent des femmes, ce qui montre l'évolution de la place de la femme dans la société sénégalaise.




Le GIE des femmes de Yayeme se concentre autour d'un resto-buvette où il est possible de consommer et d'acheter des jus confectionnés par leurs soins (jus de bissap, de pain de singe, de tamarin et de gingembre) ainsi que des confitures (mangues, patates douces, papayes, etc.). Les recettes de ces ventes vont directement au GIE. Leur activité s'étend aussi à la vente d'artisanat dont les bénéfices reviennent à la propriétaire de la bassine "boutique" qu'elles gèrent.




A travers le GIE, nous observons que les femmes apparaissent au premier plan de la structure sociale du village. Elles décident entre elles et ne sont plus cantonnées à la seule fonction de maîtresse du logis. Chacune s'exprime et les prises de décisions sont collectives.

Pendant ce temps d'échanges et de rencontres nous sentons de la motivation, de l'envie et un fort intérêt partagé de toute part. Après ce temps de réunion, les femmes du GIE choisissent leur "toubab d'adoption". Ainsi N'Day Fatou, N'Day Siga, Fatou, Kangou, M'Ben, N'Day Faye et les autres ont grandement contribué à l'immersion de chacun dans la vie de leur famille, dans son quotidien et son lot de tâches inhérentes à celui-ci.



Ainsi nous observons la répartition de ces tâches attribuées à chaque membre (balayer la cours, aller chercher du bois, de l'eau, confectionner les repas, les travaux dans les champs). Chacun a une place bien définie par la structure familiale.

La structure familiale
Tant que les enfants n'ont pas une situation professionnelle, économique et sociale suffisamment stable, ils restent au foyer familial. Dès que cette situation change favorablement, ils prennent leur autonomie et peuvent s'éloigner géographiquement. Il participent alors financièrement à la vie de la famille et la balance s'équilibre. Pour autant chacun revient quand il le souhaite dans sa famille en conservant sa place. En grandissant l'enfant prend peu à peu une place plus importante dans l'économie et la hiérarchie familiale. "Chacun est toujours le petit de quelqu'un et le grand d'un autre". De sa naissance à sa mort l'individu appartient à sa famille et en est responsable.

Le 3ème jour correspond au commencement du projet autour des séchoirs solaires. Dès le début, le ton est donné et "On envoie grave du pâté". Tant les femmes du GIE que les hommes présents se mobilisent très activement dans chaque étape de ce projet. Chacune et chacun observe puis participe. L'envie est grande et grandissante.
Qu'est-ce qu'un séchoir solaire ?
Partant du constat que le nombre de légumes et de fruits, notamment de mangues en cette période, est important et la région très riche en denrées, le manque de moyens pose le problème de la conservation et tous ces aliments "se gâtent". Le séchoir apparaît alors comme une solution pour palier à ces pertes car il permet de conserver les aliments en les séchant tout en préservant leurs qualités nutritives. La première proposition s'applique aux mangues mais peut selon la saison, l'envie et le besoin se tourner vers un large panel d'aliments (coco, patates douces, voire viandes et poissons, etc.).

La construction débute tôt le matin pour profiter de la fraicheur, pour ralentir en milieu de journée à cause de la chaleur et du Ramadan. Malgré ces contraintes, force est de constater que le rythme est soutenu et que celles-ci sont surtout visibles sur la figure rougissante du toubab.
Trois jours environ ont suffi pour finaliser la construction de trois séchoirs solaire, sachant que le troisième a été entièrement et brillamment réalisé par les participants de la formation.





Le 4e jour est l'occasion de faire une pause touristique et d'embarquer dans une pirogue pour s'essayer, plus ou moins fructueusement selon les groupes, à l'exercice de la pèche.




Le 5e jour est marqué par le formation des cuiseurs à économie de bois. De nouveau la journée fut elle aussi très positive en terme d'investissement et d'envie dans ce village qui porte bien son nom.

Bilan de l'utilisation d'un cuiseur:
dans leur ferveur générale, les femmes du GIE décident de nous concocter un excellent déjeuner afin de nous témoigner leur affection en utilisant un des cuiseur. Leurs premiers constat sont sans équivoques, avec le cuiseur, l'économie de bois est notable, la cuisson très rapide et il y a beaucoup moins de fumée.
Il faut savoir qu'à Yayeme, les femmes sont contraintes de marcher environ 2Kms pour trouver du bois. Dans d'autre ville les femmes peuvent parcourir jusqu'à 20Kms. C'est des avantages phare du cuiseur à économie de bois.

En parallèle des chantiers, et dans l'idée d'échange interculturel, le groupe a proposé un atelier clown à l'adresse des femmes ainsi qu'une initiation au rugby pour les jeunes du village.




Le 13 Aout nous fêtions humblement l'anniversaire de Max, 28 ans! Bon anniversaire!
Le 15 Août à été marqué par une grande fête à l'initiative des chrétiens à laquelle tout le monde peut prendre part. En effet ici, la diversité religieuse est plus un levier à la bonne humeur qu'un frein à l'échange.

L'immersion dans les familles a donné lieu pour certains, à l'avènement d'identités sérères. Ainsi, Wagan, Marie Saar, Babakar Saar, etc... sont nés sérères. Un attachement et des liens très forts se sont tissés entre les visages pâles et les yayemois tout cela rythmé au son des chants et danses avec lesquelles nous avons été bercé tout au long du séjour ("la vie n'est qu'une histoire de rythme") ; le départ du village fut donc émouvant et déchirant.

Nous ne pourrions clôre ce billet sans parler de celui sans qui ce beau projet ne serait resté qu'une illusion en la personne de Vieux Faye ; personnage emblématique et naturellement charismatique qui a indéniablement facilité notre intégration et su trouver les mots et l'énergie pour rassembler et les jeunes, et les femmes et les hommes.

L'Armatan

Sous les ailes de l'Armatan
Semble se figer le temps.
Sous la ouate nébuleuse
De son ombre mystérieuse
S'élance telle une horde silencieuse
La poussière rouge en volute poudreuses.
Du temps, il est le messager.
Des vents, il est le seigneur éthéré.
Volant sous les nuées
Ou dans le ciel étoilé
Crachant tel une bête
Son souffle de tempête,
Il hurle comme une goule
En traversant Lompoul.
Dans les villes et les villages,
Partout sous les nuages,
Tout le monde sent l'attente
Jusqu'aux mouches vrombissantes.
L'Armatan est là
Juste au-dessus des toits,
Apportant avec lui
La saison des pluies.

jeudi 11 août 2011

Arrivée au Sénégal, Du 2 au 06 Août

Le groupe baptisé « on verra » (inch ' Allah, en V.O.) s’est fait rattraper par sa réputation et par le rythme sénégalais : dès l’aéroport : 4 heures de retard, cartons : 48 heures après et le blog, une semaine plus tard.

Nous sommes donc arrivés à Dakar aux premières lueurs du jour sous l’œil d’Allah et avons été rapidement rassasiés par le bourou-ban ( pain traditionnel), le chocopain ( Y a pas mieux sur ton pain !!!) et les exquises confitures ( Spéciale dédicace aux prédécesseurs).

Nous avons consacré nos 2 premiers jours à la découverte et prise de repères de la vie locale : ambiance walou walou !

3ième jour : Première grosse aventure : Accablés par la moiteur et chaleur aoutienne, nous décidons d’une virée à l’océan : tenue libre pour les hommes et « combinaison » (short+t-shirt) pour les femmes, lol !! Une joyeuse bande de toubabs s’éclatent dans les vagues tels des boubous dans une machine à laver.

Nous réagissons que très peu face au gros nuage sombre qui s’approche, puis un sénégalais inquiet prévient Florian, gardien sur la plage. Ils s’agitent, nous faisant signe de revenir, le vent se lève et forcit. Les toubabs inconscients continuent de se ravir, surfant quelques dernières vagues pour atteindre le bord. Mais les derniers n’ont pas le temps d’y arriver que déjà, la tempête commence. L’orage gronde, le vent nous fouette d’eau et de sable, pluies diluviennes et gommage naturel garanti. Après une courte tergiversation, la décision est unanime : Cours, cours toubabs ! Mais c’était sans compter sur la déferlante d’ordures qui nous a foncé dessus. Les midinettes du groupe n’ont pas osé y plonger leurs tatanes jusqu’à ce que notre sauveur sénégalais vienne à notre rescousse. Après une douche de gouttière, le retour à la Ruah fut riche d’images : inondations, effondrements, accoutrements et costumes anti-pluie en tout genre.



Certains en retiendront une expérience à la koh-lanta, d’autres un moment plus inquiétant, et certains une grande partie de plaisir !

Toute cette première semaine nous étions hébergés à la Ruah, le centre de formation coiffure et couture à Guiediawaye(banlieue Dakaroise), créé par Chérif, un des partenaires Via Brachy. La dream team, Nabou, Fatou et Mariam nous a plongé dans la Teranga( hospitalité traditionnelle) et la gastronomie sénégalaise : thiéboudienne, yassa, mafé… et les boissons : ataya, café Touba, jus de bissap, de gingembre, de bouye,... ALBOULO la dream team ! En remerciement, Kevin nous fait l’honneur d’un concert de vielle à roue.

Masseye et Seydou, de la troupe de théâtre forum Kàddu yaraax nous ont guidés dans les bons plans de Dakar : le marché et ses dédales, ses odeurs, ses couleurs, la pollution du nez et des oreilles, les belles plages de pêcheurs : instant portés acrobatiques en noir et blanc !

Et la journée s’est terminée par le cassage du jeûn, le monde de l’Islam étant en période de ramadan.

Samedi, départ pour Yayème. Sur la route, on croise des singes, des policiers, des baobabs et fromagers (l’arbre bien sur) et des murs qui ont la parole ( revendications écrites à propos de Wade inscrites par les opposants et corrigées par les partisans). Après le wolof, première approche avec le serer. Vieux nous accueille dans son terrain : un petit paradis, un havre de paix : l’ombre des manguiers, les couchers de soleil avec les palmiers et rôniers pour décor, la berceuse des animaux. Un vrai contraste avec Dakar !




Tout le monde n'est pas encore immunisé et on tourne au Smecta et satala jusqu'au bout des doigts (de la main gauche uniquement!).

Rendez-vous pour les prochaines nouvelles, vers le … on verra !



lundi 1 août 2011

Dernière semaine du groupe 2 au Sénégal

Suite et fin de l’épisode précédent, ou plutôt réparation d’un oubli incommensurable, car on ne peut évoquer Goudiri ou Koussane sans mentionner Wetio.
Nos amis toubabs et Casassais (de Casamance), qui nous accompagnent depuis Kaolak, qui nous accueillent en chantant la paix en Casamance, en rythmant sur les bidons pour en faire des tam-tams de fortune, en dansant et en servant l’ataya (thé) à toute heure du jour et de la nuit. Eux qui ont bossé dur pour que le mot échange (wetio) culturel prenne tout son sens. C’est dans le théâtre-forum qu’ils ont pu se retrouver, nous aider à porter et sensibiliser les projets des cuiseurs et de la lutte contre la déforestation. Bref des gens biens quoi ! A bientôt Inch Allah et bonne route les amis !


Toubabien, on est lundi, il est 8 heures et demi ...
Comme tous les jours d’ailleurs car la notion du temps nous échappe de plus en plus.
Le temps n’est pas perçu partout pareil, Opa nous explique : les Européens voient le temps comme une ligne droite, il faut avancer coûte que coûte, tandis que les Africains le perçoivent comme une boucle; les journées sont les même et se répètent à l’infini, tu reprends là où tu t’es arrêté la veille.
Mais pour nous le temps défile surtout au rythme de la route et des paysages. Ces paysages changeants, nous qui sommes maintenant à Bakel, si près de la Mauritanie que seul le fleuve Sénégal nous en sépare.
La frontière Malienne n’est pas bien loin non plus et cette proximité titille notre envie de voyager plus loin comme qui dira ! (Kidira : ville frontière) C’est encore accompagné de 4 jeunes filles de Goudiri que nous nous installons sous la chaleur de Bakel qui même à l’ombre nous abrutis “légèrement”.
C’est donc dank-dank (doucement) que nous nous attelons à la formation cuiseur, à la lessive (on commence à sentir le fauve), aux courses et pour les motivées, à se baigner dans le fleuve avec les Goudiriennes.
Et pour les plus en forme c’est une course effrénée contre le vent pour rattraper le linge volant dans la nuit qui les attends ! Les tempêtes sénégalaises ne pointant leur nez que la nuit au Sénégal, nos vêtements ont essayé de se faire la malle pendant que ceux qui dormaient dehors mangeaient du sable ... (c’est bien meilleur que le mil !)
L’heure de reprendre la route a sonné ainsi que celle des au revoirs ... Après la remise des diplômes aux formés cuiseurs, après avoir dit 10 fois au revoir aux Goudiriennes, à Omar, à Opa, à Florian que les affaires appellent à Dakar, nous repartons dans les 4x4, avec quelques nouveaux mots sonikés en tête ! La séparation est dure autant émotionnellement que géographiquement ! Ils nous suivent jusqu’à Goudiri ! Puis Opa nous indique un hôtel vide près de Tamba pour que nous passions la nuit. Sous un baobab nous goutons à nouveau au plaisir d’être seuls, enfin presque car les amis d’Hélène arrivent ! Lui faisant l’agréable surprise de passer le repas et la nuit avec nous. Nous goutons aussi aux talents de cuisinier de Frank et c’est welli-welli ou nekhna trop trop ! (au choix selon les préférences pular ou wolof)
Le lendemain pour continuer dans la lancée nous partons tôt direction Joal, l’océan n’attend plus que nous ! Sur le chemin nous retrouvons les baobabs, énormes, gigantesques, majestueux !!! Nous nous arrêtons pour pique niquer, nous cacher dans leur faille, découvrir un serpent et nous raviser ... Nous repartons donc encore et toujours plus près de la mer, traversant les marais salants, supportant la délicieuse odeur des marécages mêlés au sel (c’est quoi cette odeur ? qui s’est lâché ? aaah ça vient de dehors ... humpf, on retient sa respiration !), lorsque le 4x4 de Moctar commence à émettre des bruits étranges, la boite de vitesse grogne ...
Le reste du voyage nous devrons le remorquer, le trajet reprends plus lent mais reprends tout de même et nous voilà arrivés à Joal ! Entre l’océan, les lutteurs qui s’entrainent dans le sable, l’hôtel, coquillages et crustacés, sur la plage abandonnée les pintades se sont dorées ! Entre marché et farniente, le plaisir de boire une gazelle ou une flag chez Robert, les visites à Fadiouth(un village construit sur une ile de coquillages), les toubabs se reposent et font le plein d’oxygène. Et vu ce qui nous attends à Dakar on a bien fait ! Le départ est d’ailleurs imminent quand paf ! (ca fait des chocapics!) Une boite de direction qui lâche ! Une ! Et sur le 4x4 de ... ? Moctar ! Cette fois ci Magic Moctar, aidé par des apprentis mécaniciens toubabous ultra efficace et surtout soutenu psychologiquement par les autres (très occupés à regarder, boire des cocas ou faire le marché) il réussi à régler le problème !
Finalement nous arrivons à partir de Joal et de ses coquillages pour prendre une route semée d’hôtels à toubabs, d’étendues quasi-désertiques ou de villages en béton, bien loin de la tradition des cases. L’arrivée à Dakar dans la pollution, le bruit et les embouteillages ne nous inspirent pas plus que la route qui nous y a mené. Nous abandonnons Shandy et Damien à Rufisque, pour mieux les retrouver plus tard !
Notre regard est un peu différent, les grands espaces nous manquent déjà, les gens sont plus agressifs et speeds dans la capitale. Nous nous revendiquons presque Sénégaulois et retrouvons le toit de la Ruah avec plaisir. Mais le départ est imminent, il nous guette et se devine au détour de chaque phrase, chaque regard ... Le retour nous préoccupe, nous occupe même et certains parlent déjà de repartir. Mais malgré notre difficulté à laisser la Ruah, le Sénégal et les gens qui ont composé ce voyage, le temps s’écoule inexorablement et l’avion nous attend, imperturbable. Quelques larmes et beaucoup de silence plus tard, nous revoilà sur le sol européen, francais ... Abana ... Mais NIOKOBOC jusqu’au bout !