lundi 22 août 2011

Yayeme du 8 au 15 Aout

Yayeme

Yayeme signifie en Sérère "avoir envie". Il s'agit d'un village qui compte, au dernier recensement de 1995, 2500 habitants.
A notre arrivée, nous passons la 1ere nuit sur le lieu de la construction des séchoirs solaires. Le constat général du groupe est celui d'une quiétude
et d'une ambiance plus sereine qu'à Dakar, moins de bruit pour autant de vie.
Ainsi les rythmes semblent différents, les contacts sont plus faciles, plus simples.
Le cadre est planté, nous passons la nuit à l'abri des manguiers dans un univers sonore très riche et sous un écran d'étoiles.


Le 2e jour est placé sous le signe de la rencontre du GIE (Groupement d'Intérêt Economique) des femmes de Yayeme ainsi que des hommes intéressés par la formation des séchoirs solaires et des cuiseurs à économie de bois. Tout commence par la présentation de chaque membre comprenant le GIE, l'équipe de Via Brachy et du représentant de Solafrika.



En deux mots, Qu'est-ce qu'un GIE ?
Il s'agit d'une association de personnes qui se regroupent dans le but de créer une activité économique commune, centrée autour de leurs compétences et de leurs savoirs propres.
Certains GIE sont nés il y a plus de vingt ans. Bien souvent ces groupements concernent des femmes, ce qui montre l'évolution de la place de la femme dans la société sénégalaise.




Le GIE des femmes de Yayeme se concentre autour d'un resto-buvette où il est possible de consommer et d'acheter des jus confectionnés par leurs soins (jus de bissap, de pain de singe, de tamarin et de gingembre) ainsi que des confitures (mangues, patates douces, papayes, etc.). Les recettes de ces ventes vont directement au GIE. Leur activité s'étend aussi à la vente d'artisanat dont les bénéfices reviennent à la propriétaire de la bassine "boutique" qu'elles gèrent.




A travers le GIE, nous observons que les femmes apparaissent au premier plan de la structure sociale du village. Elles décident entre elles et ne sont plus cantonnées à la seule fonction de maîtresse du logis. Chacune s'exprime et les prises de décisions sont collectives.

Pendant ce temps d'échanges et de rencontres nous sentons de la motivation, de l'envie et un fort intérêt partagé de toute part. Après ce temps de réunion, les femmes du GIE choisissent leur "toubab d'adoption". Ainsi N'Day Fatou, N'Day Siga, Fatou, Kangou, M'Ben, N'Day Faye et les autres ont grandement contribué à l'immersion de chacun dans la vie de leur famille, dans son quotidien et son lot de tâches inhérentes à celui-ci.



Ainsi nous observons la répartition de ces tâches attribuées à chaque membre (balayer la cours, aller chercher du bois, de l'eau, confectionner les repas, les travaux dans les champs). Chacun a une place bien définie par la structure familiale.

La structure familiale
Tant que les enfants n'ont pas une situation professionnelle, économique et sociale suffisamment stable, ils restent au foyer familial. Dès que cette situation change favorablement, ils prennent leur autonomie et peuvent s'éloigner géographiquement. Il participent alors financièrement à la vie de la famille et la balance s'équilibre. Pour autant chacun revient quand il le souhaite dans sa famille en conservant sa place. En grandissant l'enfant prend peu à peu une place plus importante dans l'économie et la hiérarchie familiale. "Chacun est toujours le petit de quelqu'un et le grand d'un autre". De sa naissance à sa mort l'individu appartient à sa famille et en est responsable.

Le 3ème jour correspond au commencement du projet autour des séchoirs solaires. Dès le début, le ton est donné et "On envoie grave du pâté". Tant les femmes du GIE que les hommes présents se mobilisent très activement dans chaque étape de ce projet. Chacune et chacun observe puis participe. L'envie est grande et grandissante.
Qu'est-ce qu'un séchoir solaire ?
Partant du constat que le nombre de légumes et de fruits, notamment de mangues en cette période, est important et la région très riche en denrées, le manque de moyens pose le problème de la conservation et tous ces aliments "se gâtent". Le séchoir apparaît alors comme une solution pour palier à ces pertes car il permet de conserver les aliments en les séchant tout en préservant leurs qualités nutritives. La première proposition s'applique aux mangues mais peut selon la saison, l'envie et le besoin se tourner vers un large panel d'aliments (coco, patates douces, voire viandes et poissons, etc.).

La construction débute tôt le matin pour profiter de la fraicheur, pour ralentir en milieu de journée à cause de la chaleur et du Ramadan. Malgré ces contraintes, force est de constater que le rythme est soutenu et que celles-ci sont surtout visibles sur la figure rougissante du toubab.
Trois jours environ ont suffi pour finaliser la construction de trois séchoirs solaire, sachant que le troisième a été entièrement et brillamment réalisé par les participants de la formation.





Le 4e jour est l'occasion de faire une pause touristique et d'embarquer dans une pirogue pour s'essayer, plus ou moins fructueusement selon les groupes, à l'exercice de la pèche.




Le 5e jour est marqué par le formation des cuiseurs à économie de bois. De nouveau la journée fut elle aussi très positive en terme d'investissement et d'envie dans ce village qui porte bien son nom.

Bilan de l'utilisation d'un cuiseur:
dans leur ferveur générale, les femmes du GIE décident de nous concocter un excellent déjeuner afin de nous témoigner leur affection en utilisant un des cuiseur. Leurs premiers constat sont sans équivoques, avec le cuiseur, l'économie de bois est notable, la cuisson très rapide et il y a beaucoup moins de fumée.
Il faut savoir qu'à Yayeme, les femmes sont contraintes de marcher environ 2Kms pour trouver du bois. Dans d'autre ville les femmes peuvent parcourir jusqu'à 20Kms. C'est des avantages phare du cuiseur à économie de bois.

En parallèle des chantiers, et dans l'idée d'échange interculturel, le groupe a proposé un atelier clown à l'adresse des femmes ainsi qu'une initiation au rugby pour les jeunes du village.




Le 13 Aout nous fêtions humblement l'anniversaire de Max, 28 ans! Bon anniversaire!
Le 15 Août à été marqué par une grande fête à l'initiative des chrétiens à laquelle tout le monde peut prendre part. En effet ici, la diversité religieuse est plus un levier à la bonne humeur qu'un frein à l'échange.

L'immersion dans les familles a donné lieu pour certains, à l'avènement d'identités sérères. Ainsi, Wagan, Marie Saar, Babakar Saar, etc... sont nés sérères. Un attachement et des liens très forts se sont tissés entre les visages pâles et les yayemois tout cela rythmé au son des chants et danses avec lesquelles nous avons été bercé tout au long du séjour ("la vie n'est qu'une histoire de rythme") ; le départ du village fut donc émouvant et déchirant.

Nous ne pourrions clôre ce billet sans parler de celui sans qui ce beau projet ne serait resté qu'une illusion en la personne de Vieux Faye ; personnage emblématique et naturellement charismatique qui a indéniablement facilité notre intégration et su trouver les mots et l'énergie pour rassembler et les jeunes, et les femmes et les hommes.

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