lundi 1 août 2011

Dernière semaine du groupe 2 au Sénégal

Suite et fin de l’épisode précédent, ou plutôt réparation d’un oubli incommensurable, car on ne peut évoquer Goudiri ou Koussane sans mentionner Wetio.
Nos amis toubabs et Casassais (de Casamance), qui nous accompagnent depuis Kaolak, qui nous accueillent en chantant la paix en Casamance, en rythmant sur les bidons pour en faire des tam-tams de fortune, en dansant et en servant l’ataya (thé) à toute heure du jour et de la nuit. Eux qui ont bossé dur pour que le mot échange (wetio) culturel prenne tout son sens. C’est dans le théâtre-forum qu’ils ont pu se retrouver, nous aider à porter et sensibiliser les projets des cuiseurs et de la lutte contre la déforestation. Bref des gens biens quoi ! A bientôt Inch Allah et bonne route les amis !


Toubabien, on est lundi, il est 8 heures et demi ...
Comme tous les jours d’ailleurs car la notion du temps nous échappe de plus en plus.
Le temps n’est pas perçu partout pareil, Opa nous explique : les Européens voient le temps comme une ligne droite, il faut avancer coûte que coûte, tandis que les Africains le perçoivent comme une boucle; les journées sont les même et se répètent à l’infini, tu reprends là où tu t’es arrêté la veille.
Mais pour nous le temps défile surtout au rythme de la route et des paysages. Ces paysages changeants, nous qui sommes maintenant à Bakel, si près de la Mauritanie que seul le fleuve Sénégal nous en sépare.
La frontière Malienne n’est pas bien loin non plus et cette proximité titille notre envie de voyager plus loin comme qui dira ! (Kidira : ville frontière) C’est encore accompagné de 4 jeunes filles de Goudiri que nous nous installons sous la chaleur de Bakel qui même à l’ombre nous abrutis “légèrement”.
C’est donc dank-dank (doucement) que nous nous attelons à la formation cuiseur, à la lessive (on commence à sentir le fauve), aux courses et pour les motivées, à se baigner dans le fleuve avec les Goudiriennes.
Et pour les plus en forme c’est une course effrénée contre le vent pour rattraper le linge volant dans la nuit qui les attends ! Les tempêtes sénégalaises ne pointant leur nez que la nuit au Sénégal, nos vêtements ont essayé de se faire la malle pendant que ceux qui dormaient dehors mangeaient du sable ... (c’est bien meilleur que le mil !)
L’heure de reprendre la route a sonné ainsi que celle des au revoirs ... Après la remise des diplômes aux formés cuiseurs, après avoir dit 10 fois au revoir aux Goudiriennes, à Omar, à Opa, à Florian que les affaires appellent à Dakar, nous repartons dans les 4x4, avec quelques nouveaux mots sonikés en tête ! La séparation est dure autant émotionnellement que géographiquement ! Ils nous suivent jusqu’à Goudiri ! Puis Opa nous indique un hôtel vide près de Tamba pour que nous passions la nuit. Sous un baobab nous goutons à nouveau au plaisir d’être seuls, enfin presque car les amis d’Hélène arrivent ! Lui faisant l’agréable surprise de passer le repas et la nuit avec nous. Nous goutons aussi aux talents de cuisinier de Frank et c’est welli-welli ou nekhna trop trop ! (au choix selon les préférences pular ou wolof)
Le lendemain pour continuer dans la lancée nous partons tôt direction Joal, l’océan n’attend plus que nous ! Sur le chemin nous retrouvons les baobabs, énormes, gigantesques, majestueux !!! Nous nous arrêtons pour pique niquer, nous cacher dans leur faille, découvrir un serpent et nous raviser ... Nous repartons donc encore et toujours plus près de la mer, traversant les marais salants, supportant la délicieuse odeur des marécages mêlés au sel (c’est quoi cette odeur ? qui s’est lâché ? aaah ça vient de dehors ... humpf, on retient sa respiration !), lorsque le 4x4 de Moctar commence à émettre des bruits étranges, la boite de vitesse grogne ...
Le reste du voyage nous devrons le remorquer, le trajet reprends plus lent mais reprends tout de même et nous voilà arrivés à Joal ! Entre l’océan, les lutteurs qui s’entrainent dans le sable, l’hôtel, coquillages et crustacés, sur la plage abandonnée les pintades se sont dorées ! Entre marché et farniente, le plaisir de boire une gazelle ou une flag chez Robert, les visites à Fadiouth(un village construit sur une ile de coquillages), les toubabs se reposent et font le plein d’oxygène. Et vu ce qui nous attends à Dakar on a bien fait ! Le départ est d’ailleurs imminent quand paf ! (ca fait des chocapics!) Une boite de direction qui lâche ! Une ! Et sur le 4x4 de ... ? Moctar ! Cette fois ci Magic Moctar, aidé par des apprentis mécaniciens toubabous ultra efficace et surtout soutenu psychologiquement par les autres (très occupés à regarder, boire des cocas ou faire le marché) il réussi à régler le problème !
Finalement nous arrivons à partir de Joal et de ses coquillages pour prendre une route semée d’hôtels à toubabs, d’étendues quasi-désertiques ou de villages en béton, bien loin de la tradition des cases. L’arrivée à Dakar dans la pollution, le bruit et les embouteillages ne nous inspirent pas plus que la route qui nous y a mené. Nous abandonnons Shandy et Damien à Rufisque, pour mieux les retrouver plus tard !
Notre regard est un peu différent, les grands espaces nous manquent déjà, les gens sont plus agressifs et speeds dans la capitale. Nous nous revendiquons presque Sénégaulois et retrouvons le toit de la Ruah avec plaisir. Mais le départ est imminent, il nous guette et se devine au détour de chaque phrase, chaque regard ... Le retour nous préoccupe, nous occupe même et certains parlent déjà de repartir. Mais malgré notre difficulté à laisser la Ruah, le Sénégal et les gens qui ont composé ce voyage, le temps s’écoule inexorablement et l’avion nous attend, imperturbable. Quelques larmes et beaucoup de silence plus tard, nous revoilà sur le sol européen, francais ... Abana ... Mais NIOKOBOC jusqu’au bout !

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