samedi 18 juin 2011

du 10 au 17 juin...

Au revoir Tirghist, retour au bivouac, surpris par la pluie la caravane doit se replier dans un local gentiment prêté par un garde forestier. Défilé de tentes en direction de la maison pour un improbable camping d’intérieur. La pluie nous inspire un défilé de Tournesols, Driss et Aziz sont toujours parmi les pétales pour le plus grand plaisir de tous.  Parés des fameux cirés jaunes (Bretagne en force !), c’est partie pour une session photos de groupe en tout genre, grosse rigolade. L’obscurité recouvre progressivement les montagnes, chacun prend ses marques dans notre camping de fortune. Des fleurs inspirées par la nuit et la fraicheur de la pluie termineront par une session ombres chinoises, jeux sonores, etc… Que du bonheur !

 Le 10 juin - Arrêt à Imilchi, passage par le lac Tislit, bivouac au lac Iseli, à la recherche de bergers pour nos cuiseurs. Yahou ! Il est venu le temps de redescendre de la montagne, qu’on était bien perché sur les cimes, mais l’appel de la route, des paysages et de l’itinérance est plus fort, la caravane file.
 Les reliefs s’aplanissent en douceur, l’arc-en-ciel du Haut-Atlas prend des teintes couleurs terres, la nature est toujours aussi rude, beauté du désert roche, Anti-Atlas nous voilà.  Arrêt à Imilchi, petit village au milieu de nulle part, ça flaire le repère de routard, carrefour de voyageurs, un air de far-west marocain, Jim West a troqué son gun pour un âne, une vache, un collier berbère ou autre…  Pacifié par l’esprit berbère.
Le 11 juin -  Aux gorges du Todra  Les 4X4 défilent sur les routes, quand tout à coup d’immenses falaises les avalent. Nous entrons dans les gorges du Todra, irriguées par des oasis. L’ocre intense dessine des montagnes aux contours dentelés qui se détachent sur le ciel. Palmiers, chaleur, diarrhée et beaucoup d’amour.

De la terrasse de l’auberge, nous assistons au ballet des hirondelles sous la lune, une chauve souris se joint à elles, elles virevoltent  ensemble au dessus des jardins. Nous entendons les sons à peine perceptibles de la musique, l’oued coule généreusement au cœur des gorges qui s’endorment doucement après la disparition du soleil. La lumière se réduit, laissant briller la lune croissante mais encore incomplète.

En cuisine, le tajine aux dattes préparé par les hommes (Mohtar, Aziz, Driss et Laurent) mijote lentement.  Après un bon repas, la soirée se termine dans les bruits des darboukas, guitares berbères, chants et danses. Nous dormirons dans les salons, sur la terrasse, nos rêves illuminés par les étoiles.

Les tempéraments se heurtent, s’entrechoquent. Chacun est le miroir de l’autre, l’autre est une vague, l’autre porte ou submerge.  Les rires, les accros sont invités au voyage. Les personnalités se découvrent, s’expriment, des amitiés naissent. Les moments de joie se partagent tout comme les incompréhensions, l’impatience se fait sentir parfois. Chacun apprend, réfléchit, se remet en question. Le carnet de voyage favorise l’expression des talents : dessin, musique, cuisine, chant, écriture, massage… Des gestes de douceur se manifestent, caresses amicales, embrassades, câlins. Même si l’autre peut nous agacer, nous irriter à des moments, il nous fait avancer.

Le 12 juin - Salamalekoum Tamnougalt
En direction de Tamnougalt, la brume de chaleur écrase les formes, la température augmente, 37° puis 40°. Le soleil et le sable brûlent. La route sera longue jusqu’à Tamnougalt où une mer de palmiers nous attend.
La Khaïma s’étale au bord d’une rivière que des enfants traversent pour se rendre à l’école, pieds dans l’eau, cartable sur la tête, l’eau monte jusqu’à leurs épaules, leurs petits corps bravent le courant.

Le 13 juin - Pause à Tamnougalt Tout près, les jardins nous rafraichissent : amandiers, grenadiers, figuiers… Vanessa et Gina vont à la cueillette. Abricots, figues, amandes fraiches sont offertes par la terre fertile, jardin d’Eden.   Le campement attire les regards.
Des jeunes curieux de notre présence restent à proximité, les langues se délient. Laurent engage la conversation avec Hussein, Abd Ila, Abd Brahi, Zacharias et leurs amis pour une pause dans les révisions des examens de fin d’année. Ils nous invitent à monter à dos de cheval (et à baptiser l’étalon, la jument et la pouliche pour lesquels nous choisirons respectivement  Luna, Cisco et Gaïa).
Les mêmes jeunes entraîneront des caravaniers dans leurs maisons de torchis pluriséculaires pour un moment exquis de gembri (guitare locale à 3 cordes), pendant que d’autres iront visiter la jolie ville ancienne et ses jardins aux mille-couleurs.  La journée avec les jeunes se termine par un tournoi de badminton endiablé … ils sont conquis par ce jeu qu’ils ne connaissaient pas et dont ils définissent des règles locales adaptées au nombre un peu trop important de joueurs intéressés !!!

Le 14 juin - Sur la route vers Tata. Les montagnes poursuivent leur ballet époustouflant de courbes et de couleurs, façonnées par les vents. Montagne d’épices, monticules de cuivre, amènent ici quelques âmes installées dans des maisons de miniers, des bidons villes.
Dans le rétro la poussière se soulève, les 4x4 chancèlent dans les virages, bondissent de creux en bosses, secouent les voyageurs qui décollent de leurs sièges.  A mesure que nous descendons vers le sud, la terre noircit tout comme la peau des gens d’ici.
De ci de là, des arbres ébouriffés résistent au désert de pierre, afin d’alimenter les dromadaires qui pointent enfin le bout de leur nez.
Nous commençons à regretter le climat très tempéré des premières semaines, car les gourdes chauffent très vite, l’insolation gagne des caravaniers un peu trop imprudents avec père soleil et mère nature.
Un arrêt s’impose à Foum-zguid pour quelques achats de bouteilles d’eau fraiche (très appréciées), de jus d’orange, de draps et d’argenteries ; les négociations vont bon train pour éviter de rentrer dans le sport favori de certains commerçants : le plumage de touristes.
Les moins intéressés par les emplettes se feront inviter par une famille au traditionnel thé à la menthe. Nous repartons quelques heures plus tard, vitres grand ouvertes, le moindre souffle de vent est capté, avalé goulument dans des 4x4 à la recherche d’une oasis ou d’une petite rivière que nous atteindrons tôt dans l’après-midi près de Tata. Collégialement les caravaniers décident d’y passer la fin d’après-midi et la nuit, remettant au lendemain le reste de la route vers Amtoudi.

Le 15 juin - Direction Amtoudi, anniversaire de Vanessa Nous sommes l’attraction des populations locales jusque tard dans la nuit, mais après quelques points sur les « i », nous pouvons dormir tranquilles. Le réveil est rapide, une séance de bises spéciales s’improvise pour l’anniversaire de Vanessa avant d’entamer la longue route jusqu’à Amtoudi. Nous espérons la faire « à la fraiche » pour le bonheur des 4x4 et aussi pour celui des « 2x2 » !!!
Arrivée chez Georges, effectivement « on dirait le sud » comme le mentionne la pancarte de son gîte, et ce sera le point le plus bas de notre périple tournesol. Mur ocre et volets bleus, le patio, parsemé de grands arbres, nous protège d’un ardent soleil sudiste.
Après-midi libre, et libre sieste pour beaucoup d’entre nous. Le tajine d’Abdou se prépare dans la cuisine sous les yeux espions de Caro. Le vin rouge local, au frais, n’attend plus que les tournesols pour la fête.   Au moment du dessert, une théière berbère de voyage est offerte à Vanessa, en même temps qu’une jolie carte dessinée par les mains habiles de Coline, sur laquelle chacun de nous a laissé un mot doux à l’attention de notre amie, moment d’émotion ! Après moultes embrassades, réconforts et chuchotements, nous nous dirigeons tous vers nos couchages, au choix à la belle étoile ou dans le salon au chauffage naturel très efficace.

Le 16 juin - Rivière et visite de « fort » à Amtoudi  (l’agadir d’Id Aïssa)
Réveil de bonne heure pour l’ascension rapide de notre premier « agadir » (grenier à provisions du village). Au sommet, nous attend le gardien qui nous guide au travers d’un labyrinthe de cases familiales réservées à l’orge, aux carottes, au mil, aux pommes de terre, au miel et autres ingrédients de la cuisine traditionnelle. Construit au début du 19° siècle, ce fort a longtemps servi de « banque » (comme nous le traduit le guide) aux habitants du village. Actuellement, toutes les cases sont presque vides exceptée celle du musée abritant certains objets du travail traditionnel de la terre, ou de la vie de tous les jours.
Un autre visiteur, chercheur en préhistoire, nous signale des gravures dans la roche datant de plus de mille ans montrant des dromadaires, bovidés et hommes dans des scènes de chasse. Descente par l’autre face vers le gîte ; s’ensuivent le déjeuner et la balade ombragée direction la source.
Nous découvrons un lieu magique au détour des montagnes, palmiers, figuiers et arganiers. Les flancs des montagnes nous offrent de magnifiques drapés, et la rivière son eau limpide aux reflets émeraude. Nous partageons ce lieu paradisiaque avec les jeunes du village qui nous invitent à des sauts de quelque 4 ou 5 mètres de haut dans l’eau claire à quelques mètres de superbes cascades. Faute de hammam, nous nous en remettons aux petits poissons voraces pour nous enlever les peaux mortes de nos petits pieds éprouvés par la petite marche d’une heure qui sépare la source de notre gîte ; puis nous retournons chez Georges où Caro a voulu faire partager une spécialité française (la rata-spaguetti-touille) à notre hôte Abdou.  Quelques rires s’échappent de nos gorges pour mieux préparer les rêves de la nuit … direction les bras de Morphée.
Le 17 juin - Eco-musée, Agadir et source bis Réveil tôt, pour profiter de la matinée, car nous sommes invités par Laoussin à aider à retaper la maison familiale qui servira d’éco-musée ; les intéressés s’essaient au torchis local fait de terre et de paille, en enduisent les murs de pierre, travail à la main puis à la truelle pour une finition à la taloche. Moment de partage de technique mais aussi de rires, les pieds dans la terre, certains s’en tapissant jusqu’au nez !!!
Puis nettoyage des pièces du musée à la brosse à dent (souple, il va sans dire). Départ pour l’Agadir d’Agloue pour les plus motivé. On change de période, le grenier du village voisin daterait de 1015, doté d’une salle commune, d’une mosquée, de tours de garde, de meurtrières, de ruches, de citernes d’eau, de 99 cases (jumelées réserve de nourriture et chambre). Il est difficile de ne pas rapprocher ce lieu de nos châteaux forts cathares. Le guide invite les caravaniers présents à emprunter un autre chemin qui mène vers la source. C’est là où vont se retrouver les tournesols avides de soleil et d’eau qui n’étaient pas sevrés du paysage idyllique rencontré la veille. Le retour, à peine perturbé par quelques gouttes d’eau, se profile vers un repas aux pois chiches longtemps macérés.    

1 commentaire:

  1. Merci pour le récit de cette aventure que je prend beaucoup de plaisir à lire au cours de mes pauses boulot.
    Passe bien le bonjour à Mathieu,
    Bon vent aux tournesols!
    Ludo (un ami de Mathieu donc)

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